Pourquoi Volkswagen va produire 22 millions de voitures électriques d’ici 2030

Publié le 19 mars 2019 à 07h03 | Fabrice SPATH | 4 minutes

ANALYSE - Volkswagen renforce sa stratégie en matière de production de véhicules électriques. D’ici 2030, le groupe allemand ambitionne de produire 22 millions de modèles « zéro émission », soit 7 millions de plus que le précédent objectif. Une manière de tirer les leçons du Dieselgate et surtout de bien préparer un avenir qui s’annonce très incertain pour le secteur automobile.

Soumise à des normes d’émissions de plus en plus contraignantes et à des menaces concernant l’introduction de quotas de vente en faveur des véhicules électriques et hybrides rechargeables - comme en Allemagne ou en Chine -, l’industrie automobile n’a d’autre choix que d’électrifier une part croissante de ses modèles.

Si le groupe Toyota Lexus poursuit ses efforts dans le renouvellement et l’élargissement de sa gamme à motorisation hybride conventionnelle, que les marques premiums misent sur l’hybride rechargeable pour réduire temporairement leurs émissions, le généraliste Volkswagen donne la priorité à l’électrique.

 

40 % des ventes d’ici 2030

Alors que l’Union européenne a décidé en fin d’année dernière de réduire les émissions de CO2 des nouveaux modèles de voitures particulières (VP) de 37,5 % d’ici 2030 (par rapport aux niveaux de 2021), Herbert Diess, le Président du directoire de Volkswagen, avait annoncé que son entreprise assemblerait annuellement plus de 600 000 véhicules supplémentaires d’ici cette date pour répondre au nouveau défi.

Désormais, les intentions sont précisément chiffrées et le discours plus offensif encore qu’il ne l’a été : la part de l’électrique devra représenter 40 % des ventes du constructeur d’ici 11 ans et la production cumulée atteindra 22 millions d’unités à cette échéance.

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Réduire les émissions sur l’ensemble du cycle de vie

Outre les objectifs commerciaux et financiers, M. Diess a appelé « l'industrie, la politique et la société civile à mettre en commun tous les leviers afin d'aider la mobilité électrique à réaliser une percée. » Un souhait qui s’accompagne d’un objectif beaucoup plus tangible : d'ici 2025, l'empreinte CO2 du parc de véhicules doit être réduite de 30 % sur l'ensemble de son cycle de vie par rapport à 2015 et les émissions de CO2 de toutes les usines devront être réduites de 50 % par rapport à 2010. 

Pour assouvir sa soif d’électrique, le Konzern investira 30 milliards d’euros dans son programme mais laisse le soin à des équipementiers tiers de fournir les cellules, matériau indispensable à la confection des batteries Lithium-Ion. Afin de sécuriser la production, le groupe a conclu des contrats d’approvisionnement avec le chinois CATL ainsi que les sud-coréens LG Chem, SK Innovation et Samsung SDI qui disposeront tous d’une usine opérationnelle en Europe dès 2020.

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Suppression d’emplois et plateformes dédiées

Outre le développement et le partage de plateformes électriques dédiées (MEB et PPE), le déploiement d’un réseau pan-européen de bornes de recharge à haute puissance (IONITY), le groupe devra réduire ses effectifs pour rester compétitif. Selon le magazine allemand Wirtschaftswoche, en plus des 14 000 suppressions d’emplois déjà approuvées par le comité d'entreprise, 7 000 postes supplémentaires seront supprimés à Emden et à Hanovre d'ici 2020.

Une stratégie très offensive que le reste du secteur n’apprécie guère, Herbert Diess ayant récemment menacé de se retirer de l’Association de l’industrie automobile allemande (VDA), ses membres prônant d’autres technologies pour réduire leurs émissions de CO2, parmi lesquels l’hybride rechargeable et l’hydrogène (pile à combustible).

À l’origine de l’éclatement du scandale du Dieselgate, le groupe tente manifestement de suivre la tendance initiée par les régulateurs de la planète qui promeuvent essentiellement sur l’électrique pour réduire les émissions du secteur des transports. Pour Volkswagen, l’objectif est double : conserver sa place de numéro 1 mondial de l’automobile et se racheter une conduite après les 11 millions de moteurs diesel truqués disséminés à travers le monde.

Fabrice SPATH

Cofondateur du site, Fabrice roule en électrique la semaine et en hybride rechargeable le week-end. Après être passé par la case ingénierie chez des constructeurs et équipementiers outre-Rhin, il collabore régulièrement avec la rédaction et travaille au développement de la place de marché.



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