Comment Toyota compte rattraper son retard sur l'électrique

Publié le 08 juin 2019 à 11h39 | Fabrice SPATH | 4 minutes

ANALYSE - Réticent quant à investir durablement le marché de la voiture électrique sans rupture technologique majeure, Toyota a annoncé hier ses nouveaux objectifs en la matière. Outre le lancement d’une plateforme modulaire sur laquelle reposeront 6 modèles « zéro émission », le groupe nippon multiplie les coopérations pour sécuriser en batteries ses chaînes de production et partager les risques financiers liés au lancement de véhicules électriques.


Si, pour Toyota, l’électrique ne pourra s’imposer que par une ou plusieurs ruptures technologiques majeures et que son état-major tablait jusqu’il y a peu sur une part de 10 à 15 % de modèles « zéro émission » dans le mix total des ventes de véhicules neufs en Europe et aux États-Unis, il n’en reste pas moins que le leader de la double motorisation hybride essence-électrique ne souhaite pas être absent de ce marché qui, malgré une croissance exponentielle, reste encore embryonnaire.

 

Sécuriser les approvisionnements en batteries

Pour parvenir à ses fins, le groupe aux trois ellipses s’est associé au compatriote Panasonic afin de produire des batteries Lithium-Ion qui alimenteront ses futurs modèles électriques dont les premiers seront commercialisés en Europe dès 2021, la Chine bénéficiant dès cette année de la primeur du C-HR / IZOA Electric.

Autre partenariat concernant les accumulateurs : celui noué récemment avec le chinois CATL, leader mondial de la fabrication de cellules pour batteries Lithium-Ion dont la première usine européenne sera opérationnelle à l’horizon 2020. Une coopération qui ne se limitera pas seulement aux chaînes de production mais concernera aussi les travaux de recherche sur les batteries, Toyota se fixant pour objectif d’accroître leur durée de vie et de limiter leur perte de capacité.

Pour Toyota, Volkswagen se trompe en misant tout sur la voiture électrique 

5,5 millions de véhicules électrifiés en 2025

Anticipant les difficultés à sécuriser les approvisionnements en batteries de ses futures chaînes d’assemblage, Toyota intensifie sa recherche d’alliés dans un secteur automobile soumis à de fortes contraintes environnementales, voire même au durcissement des quotas en Chine et dans un nombre croissant d’États américains.

Très ambitieux dans le domaine des véhicules électrifiés - incluant également les hybrides, hybrides rechargeables et pile à combustible (hydrogène) -, la firme de Nagoya pourrait atteindre dès 2025 son objectif de vendre annuellement 5,5 millions de ce type de véhicules à travers le monde. Soit 5 ans d’avance sur le calendrier initialement établi.

 

Plateforme modulaire e-TNGA

En matière de production, Toyota s’est déjà associé au nippon Suzuki concernant l’assemblage en Europe de deux modèles hybrides ainsi que d’un SUV électrique. Dans l’ex Empire du Milieu, l’industriel vient d’annoncer avoir conclu un accord de coopération avec BYD, l’un des principaux constructeurs automobiles dans le pays. Dans le cadre de cette alliance, les deux nouveaux partenaires lanceront notamment une citadine électrique biplace offrant une autonomie de 100 km sur une seule charge.

Autre outil destiné à renforcer la position du groupe sur le marché du véhicule « zéro émission » : le lancement de la déclinaison électrique de l’actuelle plateforme modulaire TNGA. Baptisée e-TNGA (Toyota New Global Architecture), cette base technique commune devra accueillir lors de la prochaine décennie pas moins de 6 modèles différents, de la berline compacte en passant par des modèles familiaux - dont plusieurs SUV - et au moins deux vans/utilitaires.

Comment Toyota a doublé Hyundai dans les taxis à hydrogène 

L’hybride promis à un bel avenir

Contrairement à l’allemand Volkswagen qui a fait le choix d’une plateforme dédiée à l’électrique via sa base MEB (Modular Elektro Baukasten), Toyota-Lexus suit le chemin d’une variante « zéro émission » développée sur une base existante, à l’image de PSA Group et de sa plateforme e-CMP.

Prudent, le constructeur s’attend à ce qu’en 2025, ses ventes électrifiées soient majoritairement le fruit de modèles hybrides et hybrides rechargeables (4,5 millions d’unités) et que l’électrique pur associé à l’hydrogène ne représente au mieux qu’un million d’unités à cette date. Et espère démontrer que l’hybride conventionnel a encore un bel avenir.

Fabrice SPATH

Cofondateur du site, Fabrice roule en électrique la semaine et en hybride rechargeable le week-end. Après être passé par la case ingénierie chez des constructeurs et équipementiers outre-Rhin, il collabore régulièrement avec la rédaction et travaille au développement de la place de marché.



Laisser un commentaire