Comment Toyota a doublé Hyundai dans les taxis à hydrogène

Publié le 25 février 2019 à 07h00 | Fabrice SPATH | 4 minutes

ANALYSE - En créant la coentreprise HysetCo avec l’opérateur francilien de taxis à hydrogène STEP, Toyota s’est engagé à livrer 500 exemplaires de sa berline Mirai d’ici la fin 2020. Coupant l’herbe sous le pied du sud-coréen Hyundai qui a pourtant été le pionnier de la mobilité hydrogène en France. Explications.


Avec son modèle de SUV ix35 FCEV (Fuel Cell Electric Vehicle) assemblé en petite série dès 2013, Hyundai s’est positionné en pionnier de la mobilité hydrogène dans le monde. En France, le constructeur sud-coréen a été le premier à défricher le terrain auprès des pouvoirs publics, en immatriculant la première voiture à hydrogène du pays et, avec l’appui du gazier Air Liquide, à inclure dans le dispositif du bonus « écologique » les modèles dotés d’une pile à combustible.

 

600 taxis à hydrogène à fin 2020

Un dynamisme qui s’est avéré payant avant la mise en production fin 2014 de la concurrente Toyota Mirai, une berline 4 places animée par un bloc électrique de 154 ch lui-même alimenté par 5 kg de dihydrogène stockés sous forme gazeuse dans deux réservoirs sous pression (700 bars).

En nouant un partenariat avec la Société du taxi électrique parisien (STEP), les premiers exemplaires du ix35 FCEV ont intégré la flotte de l’opérateur - baptisée Hype - dès décembre 2015, lors de la tenue de la COP21. Depuis, Hyundai a livré plus de 60 véhicules électriques dopés à l’hydrogène et ambitionne d’importer 5 000 véhicules en France d’ici 2025.

Pourtant, c’est bien Toyota qui vient de rafler la mise auprès de la STEP avec la fourniture de 500 Mirai d’ici la fin 2020. À cette date, 600 taxis à hydrogène circuleront en région parisienne.

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Une dizaine de stations de distribution

Pour parvenir à ses fins et doubler Hyundai, le constructeur aux trois ellipses s’est officiellement associé en fin de semaine dernière à la STEP, à Air Liquide et à Idex, groupe spécialisé dans les services et les infrastructures énergétiques, dans le cadre de la création d’une coentreprise baptisée HysetCo.

Une structure de droit privé commune dotée de fonds propres à hauteur de 100 millions d’euros dont le double objectif consiste à étoffer la flotte du service Hype, la première du genre dans le monde, mais aussi à densifier l’infrastructure de distribution d’hydrogène en région Ile-de-France.

À ce jour, seules 4 stations de distribution sont opérationnelles ou le seront très prochainement à Paris (Pont de l’Alma), Orly (zone aéroportuaire), Versailles (Les-Loges-en-Josas) et Roissy. À terme, les 600 taxis pourront se ravitailler en moins de 5 minutes sur une petite dizaine de stations dont le prix du kg de dihydrogène est facturé 10 euros (équivalent à une autonomie de 100 km environ).

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Conditions financières attractives

Pour Toyota, l’opération doit démontrer les compétences du groupe nippon dans le domaine de la pile à combustible et offrir une vitrine technologique à la voiture à hydrogène. Une offensive qui débutera dès l’an prochain aux Jeux Olympiques (JO) de Tokyo avec une importante flotte de Mirai et se poursuivra en 2024 en France avec les JO de Paris.

Dès cette année, 200 unités de sa berline « zéro émission » seront livrées à la STEP, 300 en 2020. Pour assurer leur rotation, 1 500 nouveaux chauffeurs seront recrutés d’ici deux ans. Une montée en puissance du service soutenue par la firme de Nagoya qui, sans préciser les conditions financières - très attractives, selon une source proche du dossier - du contrat, s’est engagée à racheter tous les véhicules au bout de trois ans.

Chez Hyundai, qui n’a pas été associé à la création de la coentreprise HysetCo, les contingents actuels de production du NEXO - remplaçant du ix35 FCEV - alloués à l’Europe ont probablement et temporairement freiné ses ambitions dans le domaine. Reste que l’industriel de Séoul livrera dès le mois prochain à la STEP le premier exemplaire de son nouveau modèle et compte bénéficier à plein des ambitions de la Corée dans la création d’une société de l’hydrogène.

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Fabrice SPATH

Fabrice SPATH

Cofondateur du site, Fabrice roule en électrique la semaine et en hybride rechargeable le week-end. Après être passé par la case ingénierie chez des constructeurs et équipementiers outre-Rhin, il collabore régulièrement avec la rédaction et travaille au développement de la place de marché.

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