Voiture électrique : le risque d’accidents augmente avec la puissance

Publié le 29 août 2019 à 07h25 | Fabrice SPATH | 4 minutes

Selon l’assureur AXA, les propriétaires de modèles électriques premiums ont un taux d’accidents 40 % plus élevé que la moyenne

Selon l’assureur AXA, les propriétaires de modèles électriques premiums ont un taux d’accidents 40 % plus élevé que la moyenne

Selon la compagnie d’assurance AXA, les propriétaires de véhicules électriques ont un taux d’accidents similaire à ceux qui roulent en véhicules diesel et essence. Mais si le segment des petits modèles électriques est moins soumis à un risque de sinistre que la moyenne, la catégorie des berlines et SUV premiums enregistre un taux supérieur de 40 % par rapport à leurs équivalents thermiques. Explications.


Limitées à moins de 2 % des ventes de voitures particulières (VP) neuves en France et en Allemagne, le marché de la voiture électrique est appelé à croître rapidement dans les prochaines années sous les effets conjugués des normes antipollution qui touchent l’ensemble des constructeurs et de l’élargissement de l’offre en concessions.

Un marché encore embryonnaire mais que convoitent déjà banques et assurances en proposant des taux attractifs - BNP Paribas et Boursorama proposent ainsi un taux à 1 % (hors assurance) pour l’achat d’un modèle « zéro émission » - ou des produits spécifiques.

Depuis le printemps 2017, la MAIF propose ainsi, via sa filiale Altima, une assurance collaborative dont la prime annuelle peut être réduite de 30 % si le nombre de sinistres de la communauté reste faible.

 

+ 40 % de sinistres pour le premium

Si, jusqu’alors, ce taux était considéré comme équivalent aux modèles à motorisations thermiques, la récente compilation réalisée par l’assureur français AXA change cette perception. Basée sur les tendances de sinistres d’un échantillon représentatif de 1 000 véhicules sur une durée de 7 ans, l’étude statistique révèle une réalité plus nuancée.

Des différences nettes existent ainsi selon la catégorie de véhicule. Alors que les modèles électriques appartenant aux segments A, B et C - Smart Fortwo EQ, Renault ZOE, Nissan LEAF - ont un taux d’accidents environ 10 % plus faible que leurs équivalents thermiques, la fréquence des sinistres pour les modèles premiums plus grands et plus puissants est approximativement 40% plus élevée.

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La nécessité d’ajuster sa conduite

L’une des raisons de cette disparité est à chercher du côté de la puissance élevée et du couple disponible immédiatement. « L'accélération maximale est disponible immédiatement (…). Cela impose de nouvelles exigences aux conducteurs », explique Bettina Zahnd, la responsable de la recherche et de la prévention des accidents chez AXA.

La moitié des conducteurs suisses d'une voiture électrique récemment interrogée par la compagnie d'assurance a ainsi déclaré que, lors de l’acquisition de leur nouveau modèle, il leur a été indispensable d'ajuster leur style de conduite en raison du changement de comportement en matière de freinage et d'accélération.

« Quiconque peut conduire une voiture ne peut pas conduire toutes les voitures. Outre la formation classique, une connaissance spécifique des types de véhicules individuels est de plus en plus importante », a déclaré Zahnd. Surtout dans les voitures électriques, vous devez vous habituer au comportement modifié de freinage et d'accélération avant de pouvoir utiliser le véhicule en toute sécurité. »

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Système haute tension et avertisseur sonore

En matière d’accident, « une voiture électrique est aussi dangereuse pour les occupants qu'une voiture conventionnelle. Elle passe les mêmes tests de sécurité et est équipée des mêmes caractéristiques de sécurité. Lors d'une collision très violente, le système haute tension est également désactivé (…), de sorte que le véhicule n'est plus sous tension. En fonction de l'accident, il peut arriver que la batterie soit endommagée et provoque un incendie. »

« Les voitures électriques ne brûlent pas plus souvent que les autres véhicules, mais lorsqu'une batterie s'enflamme, elle brûle très vite et [le foyer] peut difficilement être maîtrisé », explique Mme Zahnd. Dans un tel cas, tout ce qui compte est de sortir les passagers de la voiture le plus rapidement possible et de les mettre à une distance de sécurité afin de les protéger des brûlures et des émanations toxiques.

Une autre particularité des modèles « zéro émission » est qu’ils sont très silencieux. Depuis juillet 2019, tous les véhicules nouvellement immatriculés dans l’Union européenne doivent être équipés d'un système d’avertisseur acoustique de véhicule (AVAS) destiné à protéger les piétons des modèles hybrides et électriques. Pour les modèles plus anciens, aucune exigence de mise à niveau ne s'applique. AXA recommande toutefois aux propriétaires d’une voiture électrique de l’équiper volontairement d’un générateur de bruit.

Fabrice SPATH

Fabrice SPATH

Cofondateur du site, Fabrice roule en électrique la semaine et en hybride rechargeable le week-end. Après être passé par la case ingénierie chez des constructeurs et équipementiers outre-Rhin, il collabore régulièrement avec la rédaction et travaille au développement de la place de marché.

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