Tesla Gigafactory à Berlin : après l’euphorie, les protestations

Publié le 27 janvier 2020 à 15h01 | Fabrice SPATH | 3 minutes

Très attendue, la quatrième Gigafactory de Tesla suscite de nombreuses inquiétudes auprès des habitants de la petite ville de Grünheide

ANALYSE - Annoncé mi-novembre par Elon Musk, le lieu d’implantation de la quatrième Gigafactory du groupe Tesla a été accueilli avec beaucoup d’enthousiasme par les politiques locaux qui n’avaient pas hésité à promettre de généreuses subventions. Deux mois plus tard, l’industriel américain doit faire face à des protestations de centaines d’habitants, inquiets quant à la destruction de la forêt et la consommation d’eau du futur site.


C’est « une journée merveilleuse dans la vie d’un Premier ministre. » Face caméra, Dieter Woidke, chef de l’exécutif du Land de Brandebourg, formulait cette phrase mi-novembre, quelques heures seulement après l’officialisation par Tesla du lieu d’implantation de la quatrième Gigafactory, à Grünheide, petite commune de 8 000 habitants située à environ 50 km au sud-est de Berlin, la capitale fédérale.

 

Déboisement et consommation d’eau

Deux mois plus tard, l’enthousiasme est retombé, du moins chez les habitants. Non pas en raison du retard pris par la découverte de quelque 25 bombes alliées datant de la Seconde Guerre mondiale découvertes sur le site mais pour la forêt de conifères et les craintes quant à la nappe phréatique que la construction de l’usine s’apprête à détruire ou à altérer.

Destinée à assembler en priorité les Tesla Model Y ainsi que les chaînes de traction et les cellules indispensables à la fabrication des batteries, la Gigafactory de Berlin - la quatrième d’un réseau de quatre, après Reno (Nevada, USA), Buffalo (New York, USA) et Shanghai (Chine) - qui sera implantée sur un site d’une superficie totale de 300 hectares a rapidement été la cible de manifestations rassemblant plusieurs dizaines d’habitants et de militants écologistes.

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Une promesse : replanter ailleurs trois fois plus d’arbres

Même si Tesla s’est engagé, dans le cadre de la première phase du projet qui concerne le déboisement de 90 hectares de forêt, à replanter l’équivalent de trois fois le nombre d’arbres abattus et a tenu à rassurer la population quant à la consommation d’eau indispensable au processus de production des batteries, les protestations citoyennes se sont multipliées ces dernières semaines.

Et ce n’est pas la demande du constructeur faite ce lundi auprès du ministère fédéral du Commerce pour bénéficier d’une partie de l’enveloppe d’un montant d’un milliard d’euros dédié à la filière batteries du pays - parmi les projets validés, celui d’Opel-PSA à Kaiserslautern - qui va calmer les opposants.

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Elon Musk sur place pour rassurer

Samedi dernier, environ 250 habitants se sont rassemblés sur la place du marché de Grünheide, brandissant des pancartes sur lesquelles était écrit « Tesla ici ? Non merci » ou encore « Aucune auto ne profitera de notre nature » ? Interrogés par le quotidien suisse Neue Zürcher Zeitung, certains d’entre eux ont également exprimé leurs craintes quant à une hausse du prix de l’immobilier ou une croissance du trafic routier.

Rapidement pourtant, Elon Musk a demandé à ce qu’un bureau citoyen soit créé afin que des membres de son équipe en charge des relations publiques puissent répondre aux interrogations. Le week-end dernier, le directeur général de la firme de Palo Alto est allé à la rencontre des manifestants sur place pour tenter de rassurer sur le déboisement ou encore la consommation d’eau qui ne devrait, en période de pointe, « représenter que 372 mètres cubes à l’heure ».

Initialement destinée à la papeterie, la pinède a par le passé déjà fait l’objet de spéculations quant à la construction d’une usine automobile par l’allemand BMW. Sans que les esprits s’échauffent autant.

Fabrice SPATH

Cofondateur du site, Fabrice roule en électrique la semaine et en hybride rechargeable le week-end. Après être passé par la case ingénierie chez des constructeurs et équipementiers outre-Rhin, il collabore régulièrement avec la rédaction et travaille au développement de la place de marché.



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