Tiamat : plus durable, sa batterie sodium-ion va-t-elle supplanter le lithium ?

Publié le 24 octobre 2018 à 13h00 | La rédaction | 3 minutes

Plus durable et plus rapide à charger que les actuelles batteries, la technologie sodium-ion permet de s’affranchir du lithium, une matière première au cours très volatile

Plus durable et plus rapide à charger que les actuelles batteries, la technologie sodium-ion permet de s’affranchir du lithium, une matière première au cours très volatile

La jeune société Tiamat lève 3,6 millions d’euros pour accélérer la mise en production à l’échelle industrielle des batteries au sodium-ion, plus durables et plus rapides à recharger que les actuels accumulateurs lithium-ion. Une technologie qui permet aussi de s’affranchir des ressources rares et coûteuses comme le lithium.


Fondée en 2017, Tiamat, start-up française spécialisée dans le domaine de l’énergie, a récemment annoncé avoir réussi à lever 3,6 millions d’euros dans le cadre d’un nouveau tour de table. Un financement qui vise à accélérer une production à l’échelle industrielle de la nouvelle génération de cellules mise au point par la société.

Des cellules de batteries qui sont à base de sodium-ion, et qu’elle décrit comme offrant une durée de vie plus longue ainsi qu’une capacité de charge dix fois plus rapide par rapport aux accumulateurs classiques au lithium-ion, le tout pour un coût équivalent. Pour cette opération, la jeune pousse s’est entourée de Finovam Gestion, Picardie Investissement, CNRS Innovation, filiale du CNRS, et de Bpifrance.

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« Révolutionner les usages dans beaucoup de domaines »

« Cette technologie va révolutionner les usages dans beaucoup de domaines, par exemple ceux de la mobilité électrique, des outillages portatifs ou du stockage des énergies renouvelables », explique Laurent Hubard, fondateur et PDG de Tiamat. Une technologie qui, par ailleurs, s’appuie sur les six années de recherche menées par le Réseau sur le stockage électrochimique de l’énergie (RS2E) porté par le CNRS. Avantage dû au fait que Tiamat est un spin-off de celui-ci.

« Qu’il s’agisse de bus ou de vélos électriques, de taxis autonomes ou de robots industriels, la batterie au sodium va permettre d’optimiser l’utilisation des batteries grâce à une recharge qui ne prendra que quelques minutes, contre plusieurs heures pour les batteries actuelles », argue-t-il aussi.

Au-delà de ses performances, les batteries au sodium-ion permettent surtout de s’affranchir des ressources rares et coûteuses comme le lithium. Bien que garantissant plus d’énergie et de légèreté, le lithium est présent dans à peine 0,06 % de la croûte terrestre et ses réserves sont principalement situées en Amérique du Sud (Chili, Bolivie, et Argentine), en Chine, ainsi qu’en Australie.

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Fabrication en série pour 2020

Par ailleurs, face à l’explosion annoncée de la demande de batteries dans les années qui viennent, qui suivra celle de l’offre de voitures électriques, le prix du lithium risque de flamber. Dans le même temps, le sodium est présent à hauteur de 2,6 % dans la croûte terrestre et se trouve également dans l’eau de mer sous la forme de chlorure de sodium.

En 2017, les chercheurs du CNRS et du CEA communiquaient sur une densité énergétique « de 90 Wh/kg, un chiffre comparable à celui des batteries lithium-ion à leurs débuts. Quant à sa durée de vie, exprimée en nombre maximum de cycles de charge et de décharge sans perte significative de performance, elle est de plus de 2 000 cycles. » Soit une espérance de vie annoncée supérieure à 10 ans dans des conditions d’usage continu, contre trois ou quatre ans pour les batteries au lithium.

Basée à Amiens, Tiamat en est déjà à tester les propriétés de sa cellule au sodium-ion dans les packs des batteries. Les validations de terrain se font pour l’instant sur des trottinettes et vont s’étendre aux chariots élévateurs. En attendant les grands véhicules, pour lesquels les longues procédures d’homologation ont été entamées. La fabrication en petite série est espérée en 2020.

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