Mazda MX-30 : une première voiture électrique à contre-courant

Publié le 23 octobre 2019 à 09h31 | Fabrice SPATH | 5 minutes

Offrant une autonomie de 210 km, le Mazda MX-30 est équipé d’un prolongateur d’autonomie essence

NOUVEAUTÉ - Commercialisé courant 2020 en Europe, le Mazda MX-30 est le premier modèle électrique du constructeur. Mais contrairement au reste du marché qui joue la carte d’une hypertrophie des batteries, le MX-30 n’offre qu’une autonomie de 210 km WLTP. Pour les longs trajets, il dispose d’un prolongateur d’autonomie thermique progressivement abandonné par BMW.


Malgré un premier prototype électrique à prolongateur d’autonomie matérialisé par un moteur rotatif essence, Mazda a longtemps été opposé à la mise sur le marché de véhicules 100 % électriques, misant sur l’amélioration des motorisations thermiques existantes pour réduire les consommations et donc les émissions de CO2.

Une culture d’ingénieurs qui a finalement contraint la firme de Hiroshima à s’associer en Europe avec son compatriote Toyota, leader mondial de la double motorisation hybride essence-électrique, pour mettre en commun leurs émissions de CO2. Une stratégie mise en œuvre au printemps dernier par le groupe Fiat Chrysler Automobiles (FCA) via le rachat pour plusieurs centaines de millions de dollars de crédits carbone auprès du californien Tesla.

 

Ouverture suicide des portes

Acculé, le constructeur a commercialisé il y a quelques mois la version hybride de sa berline compacte Mazda 3 et présente aujourd’hui au salon de Tokyo un SUV électrique. Baptisé MX-30, ce dernier inaugure à la fois la chaîne de traction e-Skyactiv et une nouvelle phase du design Kodo propre à la marque.

Parmi les principaux éléments de style qui caractérise ce SUV-coupé : une signature lumineuse diurne à LED à l’avant, des flancs lisses rehaussés par un épais bas de caisse en plastique noir ou encore l’absence de montant central qui autorise l’ouverture des portières de façon antagoniste comme sur feu la berline-coupé RX-8.

Dans l’habitacle au design épuré, l’instrumentation est hybride comme sur une Nissan LEAF - le compte-tour est analogique tandis qu’un large écran numérique prend place sur les deux tiers gauche du combiné -, la console centrale flottante et recouverte de liège sur ses parties inférieures intègre la molette du système d’infodivertissement, le sélecteur de vitesses ainsi qu’un écran tactile permettant de piloter le système de chauffage/climatisation.

À l’image de la nouvelle Renault ZOE, les sièges sont habillés d’un matériau textile produit à partir de bouteilles en plastique recyclées.

 

Autonomie WLTP de 210 km

Sous le capot, le Mazda MX-30 accueille un moteur électrique de traction qui développe une puissance de 105 kW / 140 ch (265 Nm), alimenté par une batterie Lithium-Ion d’une capacité totale de 35,5 kWh. Un accumulateur de taille modeste, la première configuration du petit crossover Hyundai Kona Electric qui s’inscrit pourtant sur le segment inférieur embarquant 39 kWh.

Ainsi doté, le SUV nippon offre une autonomie de 210 km selon le cycle mixte WLTP, proche des conditions réelles d’utilisation. Pour les longs trajets, Mazda a équipé son premier modèle « zéro émission » d’un moteur rotatif qui agit comme un prolongateur d’autonomie. Capable d’être alimenté au sans-plomb ou au gasoil - selon les spécificités des marchés cibles -, ce bloc à un seul rotor n’aura aucun lien mécanique avec le train avant.

Un choix judicieux, le prolongateur fonctionnant à régime constant et la technologie Wankel réduisant les vibrations. Progressivement abandonné par BMW sur sa citadine i3 pour des raisons d’homologation, le dispositif démocratisé sur les Chevrolet Volt et Opel Ampera au début des années 2010 connaît un nouveau souffle avec la mise sur le marché en fin d’année des Ford Transit et Tourneo PHEV.

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Électrique à prolongateur : un choix discutable

Au quotidien, le propriétaire du MX-30 pourra faire le plein d’énergie sur des bornes de recharge publiques ou résidentielles (Wallbox) développant jusqu’à 6 kW grâce à un chargeur embarqué de même puissance. Pour les longs trajets, le véhicule sera doté d’une prise type 4 (CHAdeMO) ou Combo 2 (CCS) - en option ou en série selon les marchés - dont la puissance en crête acceptée sera équivalente à 50 kW. De quoi se ravitailler sur les stations à haute puissance du réseau IONITY ou de privilégier l’utilisation du prolongateur essence.

À contre-courant du marché qui joue la carte de l’hypertrophie des batteries - citadine, la nouvelle Renault ZOE embarque une pile d’une capacité utile de 52 kWh offrant jusqu’à 395 km d’autonomie WLTP -, Mazda équipe son MX-30 d’un accumulateur de taille modeste associé à un moteur rotatif cantonné au rôle de prolongateur d’autonomie.

Un choix en théorie judicieux qui fait baisser le coût du véhicule, permet de couvrir la quasi-totalité des besoins quotidiens en mobilité et le rend indépendant vis-à-vis d’une infrastructure de charge à la disponibilité aléatoire. Seul bémol : son positionnement et ses émissions le classeront dans la catégorie des hybrides rechargeables. Une classe de véhicules de plus en plus pointés du doigt par les pouvoirs publics en raison de leur mauvaise utilisation dans les flottes et qui, en France tout du moins, ne bénéficiera pas du bonus « écologique » fixé jusqu’à la fin de l’année à 6 000 euros.

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Fabrice SPATH

Cofondateur du site, Fabrice roule en électrique la semaine et en hybride rechargeable le week-end. Après être passé par la case ingénierie chez des constructeurs et équipementiers outre-Rhin, il collabore régulièrement avec la rédaction et travaille au développement de la place de marché.



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