Diesel : comment Toyota finance (indirectement) son interdiction en Allemagne

Publié le 13 novembre 2018 à 07h00 | Fabrice SPATH | 3 minutes

En soutenant financièrement l’association Deutsche Umweltshilfe dont les avocats assignent les grandes villes allemandes en justice pour non-respect de la réglementation sur la qualité de l’air, le groupe Toyota Lexus est la cible de certains élus qui lui reprochent son ingérence dans les affaires du pays.


Jeudi 8 novembre, le tribunal administratif de Cologne a rendu sa décision concernant l’interdiction progressive des véhicules diesel les plus âgés des centres-villes de Cologne et de Bonn, deux villes situées dans le Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie.

Une décision contestée par les deux métropoles concernées et qui fait suite à une plainte déposée par l’ONG Deutsche Umweltshilfe pour non-respect des concentrations d’oxydes d’azote (NOx) dans l’air.

 

8 villes concernées par les restrictions

Depuis les révélations sur le scandale du Dieselgate et les quelque 11 millions de véhicules diesel truqués par les marques du groupe Volkswagen, les avocats de l’ONG s’attachent à faire condamner les plus grandes villes du pays pour non-respect de la directive européenne sur la qualité de l’air et interdire les modèles alimentés au gasoil dans les centres-villes, ou du moins en restreindre l’accès.

Francfort-sur-le-Main, Berlin, Aix-la-Chapelle, Mayence, Stuttgart, Bonn et Cologne ont déjà suivi ou suivront très prochainement l’exemple de Hambourg qui, dès le printemps dernier, a de son propre chef restreint l’accès à deux de ses axes routiers principaux aux diesel les plus âgés. À Berlin, 14 artères seront interdites d’accès d’ici l’été 2019 aux diesel dont la première mise en circulation est antérieure à 2015.

Allemagne : les diesel bientôt interdits à Bonn et à Cologne 

Une Lexus pour la maire-adjointe de Berlin

À la mi-octobre, l’action de l’ONG Deutsche Umweltshilfe (DUW) s’est cristallisée sur le choix de Ramona Pop, la maire-adjointe (Bündnis 90 / Les Verts) de la capitale allemande, qui a décidé de remplacer sa voiture de fonction - une Mercedes Classe E 350e à motorisation hybride rechargeable - par un modèle Lexus hybride essence-électrique.

Une décision que l’opposition CDU (droite) a justifié par le soutien financier du groupe Toyota Lexus à l’association DUW.

Pourtant, la coopération avec le groupe japonais a initié dès 1998. Et chaque année, ce dernier soutient ou participe à des programmes destinés à réduire les émissions polluantes d’un secteur d’activité, à l’image des véhicules de fonction des représentants de l’État ou des taxis. Selon un porte-parole contacté par le Berliner Morgenpost, le nippon financerait chaque année l’association à hauteur de 30 000 à 50 000 euros.

Berlin : pourquoi la Maire-adjointe roule en Lexus hybride ?

Une polémique stérile

Interrogé par le quotidien berlinois, le député CDU Christian Gräff confiait que « L'engagement de Lexus et de Toyota auprès de la Deutsche Umweltshilfe est une gifle pour les travailleurs allemands ».

Pour le député Florian Swyter (FDP, libéral), le choix de Ramona Pop « n'est pas un problème qui a une importance pour la ville. Mme Pop devrait conduire une voiture de fonction qui lui permet de bien travailler », a déclaré ce représentant de l'opposition. Et de poursuivre « La maire-adjointe devrait plutôt veiller à ce que les entreprises locales ne soient pas désavantagées par les interdictions imminentes des diesel à Berlin ».

Fabrice SPATH

Fabrice SPATH

Cofondateur du site, Fabrice roule en électrique la semaine et en hybride rechargeable le week-end. Après être passé par la case ingénierie chez des constructeurs et équipementiers outre-Rhin, il collabore régulièrement avec la rédaction et travaille au développement de la place de marché.

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