Batteries : Bosch renonce à une production européenne

Publié le 19 mars 2018 à 13h00 | Mathieu PARAIN | 3 minutes

R. Bosch, le plus important équipementier automobile mondial, renonce à produire des batteries Lithium-Ion pour véhicules électriques

Alors qu’il envisageait de fabriquer ses propres cellules de batterie pour véhicules électriques, l’équipementier allemand Robert Bosch estime maintenant qu’il s’agit d’un investissement trop risqué, et décide de renoncer à son ambition.

 

Robert Bosch a récemment annoncé qu’il renonçait finalement à fabriquer ses propres cellules de batterie, estimant trop risqué l’investissement à consentir. « Compte-tenu des éléments dynamiques du marché extérieur que l’on ne peut que difficilement prévoir, il est impossible de dire si cet investissement serait rentable pour Bosch et, dans l’affirmative, quand il le deviendrait », explique le premier équipementier automobile mondial. Qui ajoute que pour pour être un acteur-clé de la mobilité électrique, la compagnie n’a « nul besoin de produire les cellules » elle-même.

Cette décision est un revers pour les politiques et constructeurs automobiles européens qui appelaient de leurs vœux la création d’un producteur paneuropéen afin de résister à la concurrence des entreprises asiatiques. Alors que le Vieux Continent compte des producteurs de batteries pour l’automobile, elle est absente du marché des cellules, fabriquées pour l’essentiel en Asie.

 

Marge de manœuvre étroite

En conséquence, l’équipementier arrêtera toute recherche dans ce segment et procèdera à la dissolution de la coentreprise Lithium Energy and Power GmbH & Co. KG (LEAP), qu’il a mise en place pour concevoir et développer des solutions innovantes dans la technologie lithium-ion. Il a toutefois indiqué qu’il continuerait d’œuvrer à la conception de cellules pour les batteries de véhicules électriques, mais en partenariat avec les fabricants.

Pour une usine de cellules compétitive et capable de produire 200 gigawatts heure (GWh) d’accumulateurs, R. Bosch avait calculé que l'investissement initial devait s'élever à quelque 20 milliards d'euros. A cette somme s’ajoutent des coûts de fonctionnement estimés à plusieurs milliards d'euros par an, dont les trois quarts concernent des dépenses d'équipements. Une marge de manœuvre étroite qui laisse peu de place à une réelle différenciation du produit, que ce soit en termes de qualité ou de prix, par rapport à ceux proposés par des concurrents établis comme le sud-coréen Samsung SDI ou le japonais Panasonic. « Un investissement aussi risqué ne pourrait pas être justifié », résume Rolf Bulander, l’un des dirigeants du groupe allemand.

 

« L’important est de comprendre la technologie »

Bosch avait un temps envisagé de produire lui-même des cellules, mais il avait dit l’an passé que cela dépendrait de la possibilité de concevoir un produit moins cher et de meilleure qualité que ceux de la concurrence. « Pour Bosch, l’important est de comprendre la technologie », avance maintenant M. Bulander. Une autre manière de dire que le groupe s’en tiendra dorénavant à la seule conception des cellules.

Mathieu PARAIN

Passionné par les motorisations alternatives et attentif à l’impact des normes d’émissions sur le secteur automobile, Mathieu a débuté sa carrière de journaliste en Suisse avant de rejoindre la place de marché dédiée aux véhicules électriques et hybrides.



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