Nissan LEAF : la mise à jour batterie expliquée en 5 points

Publié le 28 janvier 2019 à 11h00 | Fabrice SPATH | 6 minutes

INTERVIEW - Alors que Nissan vient de lancer la commercialisation de sa LEAF « e+ » offrant une autonomie WLTP de 385 km, le constructeur nippon officialise la mise à jour logicielle de la gestion de la charge rapide sur sa batterie de 40 kWh. Premiers éléments de réponse obtenus auprès de Thomas Chrétien, le directeur Véhicules électriques et Écosystème de Nissan West Europe.

 

1. Pourquoi une mise à jour logicielle ?

Quelques semaines seulement après les premières livraisons européennes de la seconde génération de la berline compacte électrique LEAF éclatait sur les réseaux sociaux l’affaire du Rapidgate.

En raison de l’absence de dispositif de régulation thermique dit « actif » de la batterie (par air ou par eau), le logiciel de gestion bride volontairement l’arrivée de la puissance lors des charges rapides répétées lors d’un long parcours sur les 550 bornes au standard CHAdeMO déployées en France.

Un paramétrage conservateur du logiciel qui a pour principal objectif de retarder la dégradation prématurée des cellules de la batterie Lithium-Ion mais dont le principal écueil consiste en l’allongement des temps de charge et donc des temps de parcours.

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2. Quel impact sur les charges rapides ?

Disponible à la demande depuis le printemps 2018, la mise à jour « optimise le profil de recharge du véhicule ». Sont uniquement concernées l’Europe et les LEAF assemblées entre le 8 décembre 2017 et le 9 mai 2018 sur le site britannique de Sunderland. Depuis cette date, tous les nouveaux modèles en sont dotés dès leur sortie d’usine.

Selon la firme de Yokohama, même si 98,7 % des propriétaires du véhicule électrique le plus vendu en Europe en 2018 réalisent moins d’une charge rapide par voyage, il était « important de satisfaire la totalité des clients et d’atteindre un taux de satisfaction maximal. »

Dès mai 2018, tous les propriétaires de LEAF qui en ont fait la demande auprès du service client ont pu bénéficier de cette mise à jour qui, selon les derniers tests réalisés par des utilisateurs, retarde le bridage de la puissance lors des charges rapides à répétition sur une courte période.

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3. Comment bénéficier de cette mise à jour ?

Totalement gratuite et accessible à tous les propriétaires de Nissan LEAF concernées par cette évolution, la mise à jour doit être demandée auprès des concessionnaires.

Toutefois, Thomas Chrétien souligne que la compacte électrique dotée de la batterie 40 kWh - offrant une autonomie mixte WLTP de 270 km - n’est « pas adaptée aux longs trajets ». Et de rappeler que le « Pack Mobilité » qui sera reconduit sur la version « e+ » dotée d’une batterie de 62 kWh offre jusqu’à 4 semaines de location d’un véhicule thermique auprès du loueur courte durée Hertz.

En ce qui concerne l’utilitaire/ludospace Nissan e-NV200 équipé de la même batterie Lithium-Ion assemblée sur le site américain de Smyrna (Tennessee), son système de refroidissement par air l’exclut de toute mise à jour concernant le logiciel de gestion de la charge. Un dispositif dont n’est pas équipé la LEAF, les clients du « e-NV200 étant essentiellement des professionnels » aux usages différents des particuliers.

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4. Dégradation de la batterie et garanties

Destiné à éviter toute dégradation prématurée de la batterie, le paramétrage conservateur du système de charge rapide a été assoupli afin de répondre aux clients qui réalisent fréquemment de longs parcours.

Malgré cette mise à jour, le constructeur précise que les cellules ne seront pas soumises à un scénario accéléré de dégradation. Et de rappeler que l’actuelle et cinquième génération de batterie est garantie 8 ans ou 160 000 km - premier des deux termes échus - et que le remplacement de la pile sera réalisé gratuitement si l’indicateur de charge est inférieur à 9 barres sur 12.

Confiant quant à sa technologie, Nissan rappelle que la progression de la valeur résiduelle de son modèle électrique phare encourage les clients à faire l’acquisition de leur véhicule. Alors qu’ils représentaient il y a quelques années encore une faible part des acheteurs qui plébiscitaient majoritairement une formule en leasing (LOA ou LLD), ces derniers représentent désormais plus de la moitié des clients de la nouvelle LEAF.

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5. Pourquoi avoir tardé à communiquer ?

Leader sur le marché des véhicules électriques, Nissan a écoulé dans le monde près de 400 000 exemplaires de la LEAF depuis la fin 2010. Une performance liée en partie à son réseau de charge rapide - 40 à 60 minutes pour un plein à 80 % - déployé en propre ou en partenariat avec des enseignes de la grande distribution, des exploitants de stations-services ou des collectivités.

Malgré son expérience et la maturité de ses produits, l’allié de Renault a semble-t-il été dépassé par les témoignages accablants de certains de ses clients, certains n’hésitant pas à appeler de leurs vœux la création d’une action collective tandis que certains médias - à l’image de la BBC outre-Manche - battaient le rappel pour rassembler les témoignages de propriétaires qui estimaient avoir été trompés par le discours du constructeur.

Pour Thomas Chrétien, Nissan se devait d’assurer dans un premier temps que la mise à jour répondait bien aux exigences de ses clients avant de communiquer plus largement sur sa disponibilité. Une « démarche qualité » qui a retardé l’annonce officielle de la semaine dernière.

Un délai jugé par certains comme une absence de réactivité et qui rejoint le manque de transparence quant à l’origine des cellules a priori toujours fournies par l’ancienne filiale AESC co-crée avec NEC et revendue l’an passé au fonds chinois GSR. Interrogé par nos soins sur le sujet à Oslo en novembre 2017, Brice Fabry, le directeur de la Stratégie « zéro émission » et des Écosystèmes de Nissan Automotive Europe, avait alors botté en touche.

La concurrence s’intensifiant, Nissan devrait prendre exemple sur Hyundai, Renault ou Volkswagen qui communiquent ouvertement sur la provenance de leurs cellules de batteries. C’est le moins que l’on puisse attendre d’un acteur qui, à l’image de Tesla sur le premium, a largement contribué à amorcer le marché des véhicules électriques.

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Fabrice SPATH

Cofondateur du site, Fabrice roule en électrique la semaine et en hybride rechargeable le week-end. Après être passé par la case ingénierie chez des constructeurs et équipementiers outre-Rhin, il collabore régulièrement avec la rédaction et travaille au développement de la place de marché.



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