Essai Citroën E-Méhari électrique : esprit, es-tu là ?

Publié le 14 mars 2016 à 19h11 | Jean-Christophe LEFEVRE | 6 minutes

Après la citadine Citroën C-Zero, le cabriolet E-Méhari est le second véhicule électrique du constructeur

Après la citadine Citroën C-Zero, le cabriolet E-Méhari est le second véhicule électrique du constructeur

Surfant sur la vague néo-rétro, Citroën revisite la mythique Méhari sur la base de l’éphémère mais sympathique Bolloré BlueSummer. Des électrons à l’air libre dans le réseau au double chevron, une idée qui a électrisé Carlos Tavares, sous le charme de l’industriel Vincent Bolloré. Essai de l’E-Méhari réalisé par Jean-Christophe Lefèvre.

 

Cousine de la Bolloré BlueSummer

Le Breton Vincent Bolloré a toujours une prise électrique d’avance et a réussi à rapatrier la fabrication en sous-traitance en France de sa voiture électrique Bluecar (châssis acier, moteur de 50 kW/68 ch en crête et 35 kW en nominal, batterie de 30 kWh). En effet, depuis la fermeture de l’usine Pininfarina de Turin où elle était assemblée depuis son lancement il y a deux ans, il cherchait un partenaire pour assurer son industrialisation. On se souvient qu’il y a un an, Bolloré signait un accord avec Renault pour assembler la Bluecar à l’usine de Dieppe (en version VP et VU, Autolib compris).

Aujourd’hui, c’est chez PSA à l’usine de Rennes La Janais que Bolloré s’introduit pour sa BlueSummer rebaptisée E-Méhari, celle-ci la remplaçant purement et simplement. Une bonne affaire pour les trois protagonistes et Citroën assure que cette série de mille exemplaires annuels (au-delà, la certification implique des équipements supplémentaires trop coûteux comme les airbags) est rentable. Disons plus prosaïquement que le coût total de développement de cette E-Méhari est assez limité puisqu’il s’est déroulé sur tout juste six mois, auquel il faut ajouter un mois de plus pour le design, largement inspiré de la BlueSummer de Pininfarina … Cette dernière est d’ailleurs toujours commercialisée jusqu’à épuisement des stocks.

Rentable aussi en raison d’une facture assez élevée avec un prix de vente de cette e-Méhari fixé à 25 000 euros hors bonus (6 300 euros) auquel il faut ajouter la location mensuelle de la batterie (79 euros). Une offre en LLD sur 49 mois (!) est proposée à 299 euros par mois (batterie comprise) avec un apport nul si vous cumulez le bonus et la prime à la casse pour un diesel de plus de 10 ans (6 300 € + 3 700 €). L’assistance XL Citroën est de 7 ans en cas de panne sèche et le constructeur assure au minimum 3 000 cycles de décharge sans perte d’efficacité énergétique, la batterie étant changée à 80 % de perte (70 % pour une C-Zéro). De son côté, Bolloré change la batterie de sa Bluecar au bout de 400 000 km et la garantit 1 an.

Citroën e-Mehari 

Facture et température élevées

Cette « vraie » voiture cabriolet électrique vise donc plutôt les flottes captives comme les « resorts », les golfs, les parcs de jeu ou encore les hôtels et stations balnéaires (après les Sofitel et Novotel des côtes atlantiques et méditerranéennes, ce sont 15 BlueSummer qui sont proposées à la location sur le site d’Angkor au Cambodge et accessoirement les particuliers des îles ensoleillées qui apprécieront une nouvelle fonction « d’hivernage » de la batterie mise au point par Bolloré. En effet, la fameuse technologie Bolloré de batterie sèche LMP (Lithium Métal Polymère) se décharge assez vite si elle n’est pas maintenue à température (entre 60°C et 80°C) par branchement sur le réseau électrique (d’où les Autolib et leur station de recharge). En position « hivernage », la température est abaissée progressivement à température ambiante pour rester stable durant 4 mois au maximum et se « réveille » en quelques heures. La perte de charge est, selon Citroën, de 1% par jour. La recharge complète en temps normal est de 13 heures sur une prise domestique 10 A ou 8 heures en 16 A et 4 heures sur une borne Autolib délivrant une puissance « accélérée » de 7 kW (32 A).

C’est une des limitations d’usage de cette e-Méhari à laquelle il faut ajouter le poids élevé de la batterie (300 kg) et une autonomie plus proche des 100 km hors agglomération que des 200 km annoncés (en cycle urbain), où même 250 km revendiqués par Bolloré pour l’ex-BlueSummer. La vitesse maximale est limitée à 110 km/h, histoire de ne pas vider trop rapidement la batterie mais sur la route, les performances sont suffisantes pour un usage de loisirs. On appréciera surtout le très bon calibrage par Citroën des suspensions qui, doublées de grandes roues et de pneus Michelin « Latitude Cross », assurent un excellent confort sans dégrader la tenue de route et la précision du guidage. Qui plus est, ABS et ESP de série sauront modérer vos ardeurs ou écarts de conduite.

 

L’ABC : l’Avis de BreezCar

Plaisante à conduire et relativement vive en comportement dynamique grâce à sa réelle compacité (3,81 m de longueur) et malgré son poids élevé de 1,4 tonne qui transparaît aussi dans sa bouille rondouillarde, cette E-Méhari sait faire revivre l’esprit ludique de son ancêtre. Elle est entièrement lavable, intérieur comme extérieur, grâce à l’utilisation du plastique ABS thermoformé pour les panneaux de carrosserie et du TEP pour la sellerie. Vous pourrez sans problème laisser la voiture décapotée sous la pluie … Dommage tout de même que les bruits aérodynamiques soient aussi élevés en vitesse de croisière, capote en place et que l’on cherche désespérément des rangements sur la console centrale ou les portières. Et comme la voiture ne se ferme pas à clé, tout comme la minuscule boîte-à-gants (seul un coffre de 100 litres dans le plancher du coffre est verrouillable) pas question de laisser quoique ce soit sur les sièges.

Pour l’heure, cette E-Méhari est la seule sur le segment et ne craint donc pas vraiment la concurrence d’une Renault Twizy ou de la future petite BEE BEE XS vue à Genève. Son style sympathique, son évocation d’une liberté totale de la Méhari d’origine revisitée par l’écologiquement correct de la traction électrique en font un cocktail assez agréable à déguster.

Citroën E-Méhari

Cabriolet

Moteur électrique

Asynchrone 410 V

Puissance

50 kW/68 ch en crête (30 sec.), 35 kW/47 ch en continu

Couple

140 Nm

Batterie

30 kWh

Autonomie (NEDC)

100 km (extra-urbain), 200 km (urbain)

Émissions de CO2

0 g/km (bonus 6 300 €, pas de TVS)

Vitesse maxi (km/h)

110

0 à 60 km/h (s)

6,3

Poids à vide (kg)

1 405

Charge utile (kg)

340

Coffre (l)

200 + 100/800 + 100

L x l x h (mm)

3 809 x 1 728 x 1 653

Prix

25 000 € (hors batterie : 79 €/mois)

Galerie de photos

Les plus

  • concept séduisant
  • tenue de route et confort
  • mode batterie en « hivernage »

Les moins

  • prix élevé
  • aucun rangement
  • autonomie sur route
Jean-Christophe LEFEVRE

Jean-Christophe LEFEVRE

Journaliste auto depuis plus de 30 ans, sa passion c'est le journalisme sous toutes ses formes. Essayeur attitré des lecteurs de l'Auto-Journal, du Monde et du Figaro, cet « auto addict » a aussi copiloté le site éponyme et écrit aujourd'hui pour Breezcar, Silver Age et la presse auto pro.

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