Bob Lutz : Tesla Motors est-il vraiment condamné ?

Figure respectée de l’industrie automobile, Bob Lutz a formulé des critiques acerbes à l’encontre de Tesla Motors. Estimant que le jeune constructeur de voitures électriques perd 35 000 dollars par véhicule, l’ancien Vice-Président de General Motors l’accuse de faire rêver l’opinion et les investisseurs sans modèle économique viable.

Un succès boursier sans modèle économique viable ?

Né en 2003 à Palo Alto, au cœur de la Silicon Valley, Tesla Motors a livré en 2015 plus de 50 000 Model S sur la planète. Soit 7 000 unités de plus que la Nissan LEAF considérée comme la voiture électrique la plus vendue au monde depuis sa mise sur le marché en 2010. En France, la firme d’Elon Musk vient récemment d’annoncer avoir immatriculé sa 1 000e Tesla Model S. Malgré l’attrait de ces chiffres, Bob Lutz estime que le succès de la firme ne repose sur aucun modèle économique viable. Passé par BMW, Chrysler et Ford, considéré comme le père de la Chevrolet Volt – une voiture électrique à prolongateur d’autonomie –, Bob Lutz a confirmé ses premières critiques formulées en octobre dernier. En marge du salon de Detroit, il a ainsi confié que « Tesla reste condamné parce qu'ils ne produisent que deux modèles à un coût élevé et perdent quasiment 35 000 dollars par voiture fabriquée. Ils ne font que brûler de l'argent. Ils ne font que perdre de l'argent. »

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Une forte concurrence électrique qui s’annonce

Si la critique est acerbe de la part de l’actuel Président du groupe VIA Motors spécialisé dans l’électrification de Trucks américains, elle souligne le fait que Tesla Motors n’a jamais réalisé un seul bénéfice depuis sa création. En novembre dernier, le constructeur accusait même un déficit de quelque 235 millions de dollars. Portés par le charismatique Elon Musk, le succès boursier auprès des investisseurs et l’image positive auprès de l’opinion perturbent-ils le patron d’industrie âgé de 83 ans ? Egalement cofondateur avec le designer danois Henrik Fisker du jeune constructeur VLF qui a présenté à Detroit sa supercar Destino animée par un V10 de 745 ch – une Fisker Karma thermique –, Bob Lutz ne semble pas porter en grande estime Elon Musk qui est aussi à l’origine des sociétés ou projets PayPal, SpaceX, Hyperloop et Solarcity. Présentée en mars 2016, la familiale Tesla Model 3 constituera le troisième véhicule de la gamme et devra faire passer l’industriel dans l’ère de la voiture électrique de masse. Une nécessité pour une gamme qui sera fortement concurrencée dans les prochaines années par les Audi Q6 e-tron, Chevrolet Bolt et autres Porsche Mission E qui seront distribuées au travers de réseaux commerciaux déjà existants.

TESLA EN FRANCE : au 1^er janvier 2016, Tesla Motors comptait 142 bornes de recharge ultra-rapide installées sur 29 Superchargers. Destinées à recouvrir 250 km d’autonomie en seulement 20 minutes (puissance de 120 kW), ces bornes sont accessibles gratuitement aux propriétaires de Model S ayant souscrit l’option Supercharger.