Tesla Model S P85D à l’essai : 700 ch très silencieux (+ photos)

Publié le 22 mars 2015 à 11h09 | Fabrice SPATH | 7 minutes

Grâce à une répartition des masses optimale et à son excellent comportement routier, la Model S P85D est facile à conduire

Grâce à une répartition des masses optimale et à son excellent comportement routier, la Model S P85D est facile à conduire

Première voiture électrique à offrir une autonomie réelle supérieure à 350 km, la Tesla Model S s’est enrichie à l’autonome 2014 d’une version à transmission intégrale. Baptisée Model S P85D, la californienne devient la berline la plus rapide au monde grâce à sa puissance totale de 700 ch. Premier essai à son volant en Allemagne, entre Stuttgart et Fribourg-en-Brisgau.

 

Tesla Motors : un constructeur à part entière

Lancée en 2012 sur le marché américain, la berline électrique Tesla Model S est devenue une véritable icône. Aux pessimistes qui prédisaient la fin de l’automobile individuelle, la Model S est un formidable pied-de-nez en associant lignes élégantes, puissance et zéro émission. Créée en 2003 au cœur de la Silicon Valley, la start-up s’est hissée au rang de constructeur à part entière. Et quand bien même ses volumes de vente restent marginales et son catalogue mono-produit digne d’un industriel soviétique, Tesla Motors suscite l’engouement des marchés financiers, des clients et des concurrents.

 

35 000 Model S écoulées en 2014

L’an passé, la firme de Palo Alto a produit quelques 35 000 exemplaires de sa Model S sur son unique site d’assemblage situé à Fremont (Californie). Au regard des ventes monde BMW – 2,12 millions de véhicules écoulés en 2014 –, la comparaison n’a pas de quoi émerveiller. Et pourtant, Tesla Motors avait soutenu la comparaison avec ses concurrents premiums dès 2013. Cette année-là, la Model S s’était davantage vendue aux USA que les Audi A8, BMW Série 7 et Mercedes-Benz Classe S réunies. Et l’industriel cofondé par Elon Musk ne compte pas s’arrêter en si bon chemin.

Tesla Model S P85D

 

La concurrence allemande se prépare

Son très attendu SUV Model X sera livré aux premiers clients américains dès cet automne, tandis que la familiale Model III devrait être commercialisée à l’horizon 2017. Pour contrer l’offensive Tesla, les constructeurs allemands travaillent au développement de berlines et crossovers 100 % électriques. Audi aura son Q6 ou Q8 e-tron, BMW son i9 sur base X6 et Porsche sa Pajun électrique … mais avec 3 à 5 ans de retard sur le leader. Pour faire la course en tête sur le marché des véhicules électriques, Tesla s’est aussi associé à Panasonic pour produire des batteries au Nevada (USA) et, d’ici 2-3 ans, dans le Land de Hesse (Allemagne).

 

Une nouvelle version à transmission intégrale

Si nous avions déjà pris le volant de la Tesla Model S en version P85, nous attendions avec beaucoup d’impatience l’essai de la berline électrique en version P85D. Pour les profanes, P renvoie au niveau de finition Performance, 85 à la capacité de la batterie (85 kWh) et D à la transmission intégrale Dual Motors. Rendez-vous est donc pris à 6 heures au Tesla Service Center de Stuttgart. Alors que la ville abritant le siège social de Mercedes-Benz s’éveille doucement, la Model S glisse en silence sur le tarmac. Depuis l'immense écran tactile de la console centrale, le conducteur sélectionne le « Mode Insane » qui délivre toute la puissance

Tesla Model S P85D

 

Un Mode Insane politiquement très incorrect

Sortis du « périphérique », nous nous engageons sur l’autoroute A80 en direction d’Ulm. Pied au plancher sur la bretelle d’accès, votre serviteur se transforme en fou du volant. Peu politiquement correct à l’heure du tout-répressif français, le terme « jouissif » doit pourtant être employé. L’accélération est linéaire et semble ne jamais vouloir se terminer. Le freinage est mordant, le confort sur l’Autobahn exceptionnel grâce à la suspension pneumatique pilotée (option à 2 300 euros), les reprises dantesques. Sur les portions non limitées quasiment désertes à l'aube, le compteur de vitesse affiche rapidement 250 km/h.

 

La berline la plus rapide au monde

Comment une berline à l’allure sage peut-elle se transformer en véhicule démoniaque qui ferait « craquer » n’importe quel père de famille respectable ? Tout simplement en intégrant un second bloc électrique sur le train avant. Une architecture lui offrant une transmission intégrale « électrique », c’est-à-dire sans arbre de transmission mécanique reliant les deux essieux. Voici un rapide comparatif entre les trois versions principales de la Tesla :

  • Model S 60 : batterie de 60 kWh, puissance de 380 ch, vitesse limitée à 190 km/h, autonomie normalisée de 390 km, un 0 à 100 km/h exécuté en 6,2 s

  • Model S 85 : batterie de 85 kWh, puissance de 380 ch, vitesse limitée à 225 km/h, autonomie normalisée de 502 km, un 0 à 100 km/h exécuté en 5,6 s (4,4 s sur la version P85)

  • Model S P85D : batterie de 85 kWh, puissance de 700 ch, vitesse limitée à 250 km/h, autonomie normalisée de 480 km, un 0 à 100 km/h exécuté en 3,4 s


Tesla Model S P85D


Une puissance cumulée de 700 ch

Alors que les Model S « conventionnelles » se contentent d’être des propulsions – via deux blocs électriques de 190 ch chacun positionnés sur l’essieu arrière –, la version P85D devient un véritable 4x4 avec un premier moteur électrique de 224 ch (train avant) et un second de 476 ch (train arrière) alimentés par une gigantesque batterie Lithium-Ion logée dans le plancher du véhicule. Résultat : un centre de gravité très bas et une répartition des masses optimale (50/50). Une qualité qui, dans les lacets de la Forêt Noire nous menant à sa capitale Fribourg-en-Brisgau, offre à la berline électrique un comportement routier sain, ce malgré ses 2 239 kg (+ 139 kg par rapport à la P85).

 

Une motricité jamais prise en défaut

Démentielle sur la fiche technique, la puissance s’apprivoise aisément grâce à l’excellente gestion électronique du couple maximum de 980 Nm. Chaque seconde, le logiciel peut recalculer et gérer jusqu’à 100 fois la répartition du couple entre les deux trains. Dans les cols encore enneigés, la Model S P85D pousse très fort sans jamais que la motricité soit prise en défaut. A la sortie d’un virage, l’accélération écrasera dans leurs sièges le conducteur et ses passagers. Dans le Schwarzwald où les véhicules croisés sont rares, seul le sifflement des moteurs électriques et les bruits de roulement se font entendre.

Tesla Model S P85D

Le système de conduite semi-autonome amené à évoluer

Si nous ne reviendrons pas sur les qualités et les équipements de l’habitacle (lire l’essai de la Model S P85), nous nous attarderons sur le nouveau système de conduite semi-autonome Auto Pilot. Avec sa caméra intégrée au pare-brise et son radar ultra-son, le dispositif offre le régulateur de vitesse adaptatif, le freinage anticollision ou encore le maintien dans la file. Rien d’exceptionnel au pays du premium allemand, sauf que … Tesla Motors est né au cœur de la Silicon Valley. Et la Model S profitera des évolutions logicielles par simple téléchargement. En clair, Elon Musk nous a promis la fonctionnalité sortie de parking automatique et bien d’autres nouveautés d’ici l’été 2015.

 

Bilan de l’essai, tarif et fiscalité

Excepté le badge P85D collé sur la malle arrière, la Tesla Model S 4x4 est identique à une version classique. Rien ne change dans l’habitacle, de même que les capacités des coffres avant et arrière sont préservés. La vraie nouveauté est à chercher sous le capot, plus précisément sur les essieux. Deux blocs électriques d’une puissance cumulée de 700 ch pour une autonomie réelle qui devrait se situer aux alentours de 400 km en conditions normales d’utilisation. Avec sa déconcertante facilité de pilotage, la Model S P85D est accessible à tous ou presque. Ce qui n’est pas le cas de son prix : 107 040 euros, hors bonus « écologique » de 6 300 euros et hors options. Pour les entreprises, la Model S est totalement exonérée de taxe sur les véhicules de société (TVS). Commercialisation européenne attendue de cette version survitaminée en mai 2015.

Galerie de photos

Fabrice SPATH

Fabrice SPATH

Cofondateur du site, Fabrice roule en électrique la semaine et en hybride rechargeable le week-end. Après être passé par la case ingénierie chez des constructeurs et équipementiers outre-Rhin, il collabore régulièrement avec la rédaction et travaille au développement de la place de marché.

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