Conduite autonome : le système Tesla Autopilot est-il dangereux ?

Publié le 06 avril 2018 à 09h00 | Mathieu PARAIN | 3 minutes

Après les deux accidents mortels impliquant le système de conduite semi-autonome de Tesla, la voiture autonome a-t-elle du plomb dans l’aile ?

C'était le 23 mars dernier, en Californie. Près de Mountain View, un Tesla Model X percutait une glissière de sécurité en béton sur une autoroute. Le conducteur, identifié par la presse locale comme étant un homme de 38 ans, ingénieur chez Apple, est mort plus tard à l'hôpital.


« Dans les instants avant la collision (...) l'Autopilot était engagé », a expliqué le groupe Tesla dans un communiqué diffusé en ligne. Après la mort d'une piétonne heurtée le 19 mars par un VTC autonome d’Uber dans l'Arizona, c’est le deuxième accident mortel aux États-Unis dans lequel un système de pilotage automatique est impliqué. Les images spectaculaires du Model X amputé de toute sa partie avant ont frappé les esprits.

Le NTSB, le régulateur des transports américain, a ouvert une enquête qui s'attachera notamment à déterminer le rôle exact de l’Autopilot de Tesla dans la survenue de la collision. Pour rappel, en 2016, un automobiliste avait déjà trouvé la mort en Floride au volant d'une Tesla Model S équipée du même système. Le NTSB avait alors conclu que l’intelligence artificielle (IA) n’était pas défaillante.

 

Tesla défend la fiabilité de son système

« Nous n'avons jamais vu ce niveau de dégâts sur un Model X dans d'autres accidents », se défend Tesla. Un dégât qu’il explique par le fait que la glissière de sécurité emboutie par le véhicule l’ait déjà été « au cours d'un précédent accident sans être remplacée ensuite ». Celui-ci de maintenir aussi que « le conducteur avait reçu plusieurs avertissements visuels et un (avertissement) sonore le prévenant qu'il devait maintenir les mains (sur le volant) plus tôt ».

Or, affirme Tesla, « les mains du conducteur n'ont pas été détectées sur le volant pendant les six secondes ayant précédé la collision ». En d’autres termes, cette dernière aurait pu être évitée si le conducteur avait pris à temps ses responsabilités. L’Autopilot de la voiture n’a donc été à aucun moment précédant l’accident mis en défaut : c’est l’hypothèse principale avancée par le constructeur, hypothèse qui sera confirmée ou infirmée par les résultats de l’enquête du NTSB.

100 000 véhicules autonomes aux USA d'ici trois ans

Missy Cummings, une chercheuse en robotique, a récemment déclaré àl’AFP que l'état actuel de développement des véhicules autonomes est encore « très imparfait ». Et d’expliquer que « les caméras et les systèmes de détection des obstacles ne fonctionnent pas par déduction, ce qui signifie qu'ils ne peuvent pas anticiper une situation à risque comme le surgissement d'une personne ».

Cette passivité sera sans doute l’un des principaux écueils à surmonter pour espérer supplanter un jour le conducteur humain. Aux États-Unis, l'expérimentation des voitures autonomes est autorisée dans tout le pays depuis 2017. Le Self Drive Act, voté en septembre dernier par la Chambre des représentants, prévoit par ailleurs l'essai de 100 000 véhicules équipés de cette technologie sur les routes américaines d'ici trois ans.

Mathieu PARAIN

Passionné par les motorisations alternatives et attentif à l’impact des normes d’émissions sur le secteur automobile, Mathieu a débuté sa carrière de journaliste en Suisse avant de rejoindre la place de marché dédiée aux véhicules électriques et hybrides.



Laisser un commentaire