Volkswagen : s’adapter à la voiture électrique ou disparaître

Publié le 20 janvier 2020 à 17h08 | Fabrice SPATH | 3 minutes

« Il ne faudrait pas que Tesla soit à Volkswagen ce qu’Apple a été à Nokia » : afin de négocier au mieux le virage de l’électrique, le groupe va opérer une « transformation radicale »

ANALYSE - Face aux contraintes environnementales et aux incertitudes économiques, le groupe Volkswagen s’impose des changements radicaux. Outre des dépenses en R&D plafonnées, le numéro 1 mondial du secteur veut se concentrer sur les marges au détriment des volumes et transformer son organisation en « firme technologique ». Objectif principal : négocier au mieux le « virage radical » vers la voiture électrique.


« Il ne faudrait pas que Tesla soit à Volkswagen ce qu’Apple a été à Nokia. » Ou, serait-on tenté d’ajouter, ce que la photo numérique a été à Kodak. Franche, la déclaration est d’Herbert Diess, le patron de Volkswagen, face à 120 dirigeants du groupe réunis en fin de semaine dernière à Berlin.

S’il a conservé sa place de numéro 1 mondial de l’automobile en 2019, le groupe de Wolfsburg sait que les incertitudes économiques, les tensions commerciales et, bien sûr, le durcissement des normes environnementales modifieront le paysage du secteur lors des deux prochaines décennies.

Afin de négocier au mieux le « virage radical » vers la voiture électrique, M. Diess intime à ses équipes de se concentrer non plus sur les volumes mais sur les marges, gage d’une meilleure valorisation sur les marchés financiers. Selon le dirigeant bavarois, le Konzern n’aura droit qu’à « un seul essai » dans le domaine et devra opérer une « transformation radicale » en une « firme technologique ».

Volkswagen : "1 million de voitures électriques produites d’ici 2023" 

Émissions de CO2 et masse salariale

Un défi qui s’impose à l’ensemble de la filière et dont, en Europe, l’objectif est de réduire la moyenne des émissions de CO2 à 95 g/km, et ce dès 2021 - cette année, les 5 % des véhicules les plus émetteurs ne seront pas pris en considération.

Dans un contexte de stagnation des émissions de CO2 liée à la fois à la hausse des ventes de SUV et à celle de modèles essence suite au scandale du Dieselgate - que Volkswagen a largement contribué à amorcer -, seuls les modèles fortement électrifiés pourront faire baisser les émissions moyennes du catalogue d’un constructeur.

Pour s’assurer un avenir et contrer les assauts de « pure players » à l’image de l’américain Tesla ou du chinois Aiways, l’industriel allemand devra probablement consentir à de nouvelles cures d’amaigrissement, après annoncé la suppression de 10 000 postes d’ici 2023.

Émissions de CO2 : le choc électrique ou les sanctions financières 

Priorité à l’électrique, l’hydrogène remisé

Agilité et marges accrues, valorisation boursière doublée, le tout dans un laps de temps extrêmement réduit : pour Herbert Diess, « le temps des constructeurs automobiles classiques est révolu » et la réussite dans l’électrique indispensable. Pour y parvenir, l’entreprise et ses douze marques investiront pas moins de 30 milliards d’euros, lanceront 70 modèles électrifiés - électriques et hybrides rechargeables - et ambitionnent d’écouler 32 millions de ce type de véhicules d’ici 2029.

Si la plateforme modulaire Modular Elektrobaukasten (MEB) contribuera à participer aux économies d’échelle dans la mobilité électrique, le patron a également annoncé que les dépenses en recherche et développement (R&D) devront être plafonnées à 6 % du chiffre d'affaires et que les « efforts » consacrés à la filiale d'autopartage MOIA seront à l’avenir « nettement réduits ».

Au même moment, Volkswagen « réduira les ressources consacrées aux piles à combustible, car elles ne seront pas aussi compétitives que les transmissions électriques à batteries avant au moins une décennie » a assuré M. Diess à l’agence Reuters.

Fabrice SPATH

Cofondateur du site, Fabrice roule en électrique la semaine et en hybride rechargeable le week-end. Après être passé par la case ingénierie chez des constructeurs et équipementiers outre-Rhin, il collabore régulièrement avec la rédaction et travaille au développement de la place de marché.



Laisser un commentaire