Hybridation légère : faible surcoût et bons résultats

Publié le 02 septembre 2016 à 16h00 | Jean-Christophe LEFEVRE | 5 minutes

Pour son retour en Europe, la citadine polyvalente Suzuki Baleno adopte une motorisation hybride « légère » baptisée SHVS

Alors que l'actualité des véhicules hybrides porte surtout sur les nouveaux modèles rechargeables avec de gros moteurs électriques, l'hybridation légère poursuit son chemin de son côté avec des versions « super lights » équipées d'alterno-démarreurs (nouveau Renault Scénic, Suzuki Baleno) ou de petits moteurs électriques de moins de 30 kW/40 ch. Objectifs communs : proposer des voitures hybrides abaissant suffisamment leurs émissions de CO2 pour ne plus être pointées du doigt tout en limitant fortement le surcoût technologique. Le point par Jean-Christophe Lefèvre.

 

Essence pour Suzuki, diesel pour Renault

Commençons par la petite citadine Suzuki Baleno Hybrid SHVS qui emporte une hybridation « légère » composée d'un alterno-démarreur de 2,3 kW et 50 Nm monté en prolongement du moteur essence (1.2 l de 90 ch et 120 Nm de couple) autorisant un surcoût de seulement 960 euros par rapport à la Baleno 1.2 l. La sobriété de 4,0 l/100 km (5,0 l dans la « vraie vie ») permet de limiter les émissions de CO2 à 93 g. Et pour ne rien gâcher, qui dit « light hybrid » dit aussi « low price » chez Suzuki. A tout juste 17 150 euros, c’est la moins chère des hybrides. En revanche, sa faible puissance électrique ne lui permet pas de décrocher le bonus de 750 euros réservé aux hybrides affichant plus de 10 kW sur 30 mn d’utilisation.

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Dans la même catégorie d'hybrides légers, le nouveau Renault Scénic inaugure un alterno-démarreur plus puissant que chez Suzuki, puisqu'il développe 10 kW, soit 13 ch, alimenté par une batterie de 48 V placée sous la banquette arrière. Cette machine électrique est montée en bout du 1.5 dCi diesel de 110 ch et permet d'abaisser les consommations de 0,4 l/100 km en cycle mixte (3,5 l officiellement) et de faire passer les émissions de CO2 de 100 g/km à 92 g. Ce n'est pas extraordinaire, mais c'est toujours ça de pris ! Par rapport au dCi 110 ch "standard", il est facturé 1 000 euros de plus, c'est raisonnable mais son seuil de rentabilité est élevé car sa sobriété n'est pas si flagrante, surtout en gazole. Energie qui l'exclut définitivement de tout bonus ou exonération de TVS.

 

La discrète chez Volkswagen

Même s'il ne s'agit pas d'alterno-démarreur mais plutôt d'un petit moteur électrique monté à côté du moteur thermique, la très discrète Volkswagen Jetta Hybrid, une Golf avec une malle arrière, a ouvert la voie de l'hybridation légère avec son excellent 1.4 TSI essence de 150 ch accouplé à un petit moteur électrique de 27 ch/20 kW accouplé à la boîte double embrayage DSG7 et alimenté par une petite batterie lithium-ion de 1,1 kWh. La puissance totale pointe à 170 ch pour une consommation normalisée mixte de 4,1 l/100 km et des émissions de 95 g, ouvrant droit au bonus de 750 euros et l'exonération de TVS pendant 24 mois pour les professionnels. Par rapport à son homologue diesel 2.0 TDI de 110 ch DSG7 à 106 g facturée 28 280 euros, le surcoût est de moins de 4 000 euros, soit un prix de 32 070 euros en finition Confortline.

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Mercedes y croit toujours

Toujours venant d'Allemagne, la Mercedes C 300h est aussi une "berline à coffre" de même catégorie mais pousse plus loin sa puissance avec son 2.0 l turbodiesel et non plus essence de 204 ch, aidé par les 27 ch/20 kW de son moteur électrique qui favorise un CO2 à 94 g seulement à partir de 48 650 euros. Son moteur diesel l'empêche de décrocher un bonus, tout comme sa version C250d de 204 ch diesel qui est facturée à partir de 43 300 euros mais qu'il faut plutôt comparer à la finition Executive à 48 450 euros, soit un prix identique en hybride. Une déclinaison break est proposée à partir de 49 950 euros avec un CO2 qui augmente à 99 g, c'est toujours excellent. Cet ensemble hybride "light" était repris sur la plus imposante Classe E mais la nouvelle génération l'a abandonné au profit d'une hybridation essence plus puissante (88 ch électriques et 211 ch thermiques).

En revanche, la grande limousine Mercedes S 300h (ex-Bluetec Hybrid) a toujours recours à ce petit 2.0 l turbodiesel de 204 ch accouplé au moteur électrique de 27 ch, ne consommant que 4,3 l/100 km, soit 110 g de CO2. Son prix débute à 90 800 € avec exonération de TVS sur 2 ans mais pas de bonus. A comparer à la S 350d et son V6 turbodiesel de 258 ch qui émet 139 g (ni bonus, ni exonération de TVS bien sûr) et affichée exactement au même prix. C'est aussi ce moteur électrique de 27 ch qui officie sous le capot de la S 400h mais accouplé au gros 3.5 V6 essence de 306 ch, émettant tout juste 139 g de CO2, c'est bien (à partir de 97 200 euros, + 5 000 euros en Limousine). Par comparaison, la Mercedes S 500 essence avec le même V6 développe 333 ch pour 196 g de CO2 et fait valoir un prix de 99 200 euros. C'est mieux mais qui achète cela aujourd'hui en France ?

Si la tendance est donc plutôt à l'hybridation légère à partir d'alterno-démarreurs costauds d'un côté, et de gros moteurs électriques rechargeables de l'autre, entre les deux, les Mercedes et autres Volkswagen et Lexus ont toujours au catalogue des hybrides non rechargeables "abordables" et pouvant décrocher incitations fiscales et blanc-seing pour circuler dans les centres-villes à circulation restreinte.

Jean-Christophe LEFEVRE

Journaliste auto depuis plus de 30 ans, sa passion c'est le journalisme sous toutes ses formes. Essayeur attitré des lecteurs de l'Auto-Journal, du Monde et du Figaro, cet « auto addict » a aussi copiloté le site éponyme et écrit aujourd'hui pour Breezcar, Silver Age et la presse auto pro.



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