Train à hydrogène : le français Alstom séduit l’Allemagne

Publié le 07 novembre 2016 à 16h00 | Mathieu PARAIN | 3 minutes

Avec ses réservoirs placés sur le toit, le Coradia iLint peut parcourir 600 km quotidiennement sans faire le plein

Dès décembre 2017, le premier train à hydrogène circulera sur une ligne régionale en Allemagne. A raison d’une autonomie quotidienne de 600 km, le produit conçu par l’industriel français Alstom est une alternative financièrement intéressante pour tous les réseaux ferroviaires non électrifiés utilisant des trains à motorisation diesel.

 

14 trains pour la Basse-Saxe

Après la voiture à hydrogène, le vélo électrique dopé à l’hydrogène et le bateau à hydrogène, voici le train à hydrogène ! Dévoilé en première mondiale fin septembre à Berlin lors du salon InnoTrans – le plus grand événement de ce type sur la planète –, le modèle Coradia iLint a été conçu, développé et produit par l’industriel français Alstom sur son site allemand de Salzgitter situé dans le Land de Basse-Saxe. Une région qui, dès 2014, a signé une lettre d’intention pour l’achat et l’exploitation de trains dopés à l’hydrogène. Une région qui vient de signer un bon de commande portant sur 14 exemplaires dont le premier sera testé sans voyageurs à compter de la fin 2016 avant une mise en service globale attendue pour décembre 2017. Et si le test s’avère concluant en Basse-Saxe, d’autres Länder dont le Bade-Wurtemberg pourraient à leur tour franchir le pas.


 

Moins cher que l’électrification des lignes

Inédite, la solution développée par Alstom constitue une alternative très intéressante aux trains diesel en circulation sur des lignes non électrifiées. Outre-Rhin où la Deutsche Bahn (DB) s’est fixée pour objectif de réduire à néant les émissions polluantes de ses trains à l’horizon 2050, le train à hydrogène pourrait à terme remplacer plus de 4 000 locomotives diesel utilisées sur près de 40 000 km de lignes non électrifiées, soit la moitié du réseau allemand. Ecologique dans la mesure où la pile à combustible n’émet que de la vapeur d’eau en fonctionnement, le Coradia iLint est également financièrement intéressant car moins cher que l’électrification des lignes existantes. Pour faciliter l’exploitation de ses trains à hydrogène, Alstom propose une offre clé en main comprenant le matériel roulant, sa maintenance ainsi que l’infrastructure destiné à recharger les réservoirs en carburant.

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Une autonomie de 600 km

Extérieurement, la variante iLint du Coradia ressemble à s’y méprendre à une version à motorisation thermique. En fonctionnement, l’absence de bruit moteur laisse deviner que le train régional est animé par une chaîne de traction électrique. Mais en lieu et place d’une alimentation électrique par ligne haute tension, des réservoirs remplis de dihydrogène installés sur le toit du train alimentent une pile à combustible développant une puissance de 400 kW. En mélangeant le carburant sous pression au dioxygène présent dans l’air extérieur, la pile alimente la chaîne de traction ainsi qu’une gigantesque batterie Lithium-Ion d’une capacité de 200 kWh dont l’énergie alimente à son tour la motorisation. Mais contrairement à une voiture à hydrogène dont le plein est réalisé sur une station de distribution, celui du train se fait en remplaçant chaque soir les réservoirs du toit. En attendant sa mise en service en Basse Saxe, d’autres pays européens dont le Danemark, la Norvège et les Pays-Bas ont émis un fort intérêt quant à cette technologie.

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Mathieu PARAIN

Passionné par les motorisations alternatives et attentif à l’impact des normes d’émissions sur le secteur automobile, Mathieu a débuté sa carrière de journaliste en Suisse avant de rejoindre la place de marché dédiée aux véhicules électriques et hybrides.



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