Tesla : et si le danger ne venait pas de sa Model 3 mais de Chine ?

Publié le 19 février 2018 à 07h00 | Mathieu PARAIN | 3 minutes

En Chine, Tesla n'a pas réussi à convaincre les autorités de la construction d'une usine sans faire appel à un industriel local

Le projet de Tesla d’une usine d’assemblage de voitures électriques en Chine risque de ne jamais voir le jour. En cause : le refus du californien de toute idée de coentreprise avec les industriels locaux. Une position qui pourrait couper le constructeur du plus grand marché automobile de la planète.

 

Plus de sept mois après que Tesla ait confié travailler avec le gouvernement de la ville de Shanghai pour la construction d’une usine d’assemblage de véhicules électriques, aucun accord n'a été trouvé à ce jour entre les deux parties. En cause, le refus de Tesla de toute idée de copropriété du site avec les firmes locales, selon l’agence Bloomberg qui vient de recueillir des témoignages de proches du dossier. D’après les sources – qui ont demandé à conserver leur anonymat – Tesla veut en être l’unique propriétaire tandis que les pouvoirs publics exigent de leur côté l’instauration d’une coentreprise avec des partenaires chinois.

 

Tesla, condamné à être un constructeur de niche en Chine ?

Tesla est déjà présent commercialement dans l’ancien Empire du Milieu, mais la taxe d'importation de 25 % pratiquée par le pays renchérit considérablement le prix de ses véhicules. Un Tesla Model X fabriqué aux États-Unis et expédiée en Chine coûte environ 835 000 yuans (132 000 dollars), ce qui est bien au-delà des moyens de la plupart des consommateurs chinois. Et au cas où les deux parties ne parviennent à un accord, le principal danger pour la firme de Palo Alto est donc de rester un acteur de niche en Chine, pourtant premier marché automobile de la planète, y compris pour les voitures à très faibles émissions polluantes.

« C'est un marché sur lequel Tesla a besoin de s'implanter » confirme Jeffrey Osborne, analyste chez Cowen & Co. Cela d’autant plus que le gouvernement central de Pékin prévoit d’imposer des quotas de ventes de véhicules dit à énergies nouvelles (NEV) à tous les constructeurs vendant en Chine à partir de l’année prochaine. Une aubaine pour le spécialiste américain des offres « zéro émission » qui ne propose à son catalogue que ce type de véhicules. Mais seulement au cas où Elon Musk, son PDG, accepte d’assouplir sa position actuelle.

 

La concurrence chinoise rattrape son retard

Tesla s’est jusqu’à présent refusé à tout commentaire concernant les révélations parues dans la presse. Même constat du côté des autorités chinoises où l’on préfère également cultiver la discrétion. Pour rappel, le constructeur américain totalise près de 15 000 véhicules commercialisés en Chine, ce qui ne représente qu’un part de 3 % du marché des véhicules électriques à batteries.

« Tesla n’a pas de piste stratégique », n’a pas hésité à affirmer quant à lui Yale Zhang, directeur général d’Automotive Foresight, une société de conseil basée à Shanghai. Avant d’ajouter : le constructeur profite de « l’aura d'Elon Musk, et ses produits sont légèrement en avance sur la concurrence, mais les autres, notamment les jeunes pousses chinoises, rattrapent rapidement leur retard ».

Mathieu PARAIN

Passionné par les motorisations alternatives et attentif à l’impact des normes d’émissions sur le secteur automobile, Mathieu a débuté sa carrière de journaliste en Suisse avant de rejoindre la place de marché dédiée aux véhicules électriques et hybrides.



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