Voiture électrique : une menace pour l’emploi et l’économie en Europe ?

Publié le 10 septembre 2018 à 17h00 | La rédaction | 3 minutes

Un récent rapport commandé par l’association des constructeurs européens pointe les dangers liés à une électrification à marche forcée du parc automobile

ETUDE – A moyen terme, la voiture électrique constitue une menace pour l’industrie automobile européenne. Cette affirmation, très forte, ressort du dernier rapport de FTI Consulting réalisé à la demande de l’ACEA (Association des constructeurs européens d’automobiles) sur « l’impact de la voiture électrifiée sur l’emploi et la croissance en Europe ».


Les équipementiers européens pourraient ainsi perdre jusqu’à 38 % de leur production de pièces sur des véhicules électriques, les constructeurs, de leur côté, 17 %, selon l’étude. Quant aux services d’après-vente – qu’il s’agisse de maintenance ou de réparation –, l’électrification leur poserait un problème encore plus ardu. Une voiture électrique comportant six fois moins de pièces mécaniques en mouvement par rapport à un modèle thermique traditionnel, cela signifie aussi 60 % de maintenance en moins, analysent les auteurs du rapport.

Un scénario des plus pessimistes, qui, s’il venait à se réaliser, pourrait confronter la filière automobile du Vieux Continent à une situation de débandade industrielle et économique. Sans compter l’impact social que cela pourrait avoir en termes de diminution des revenus et de pertes d’emplois : 11 % de la population industrielle active dans l’Union européenne (UE) vit de l’automobile au sens large. Une moyenne qui monte à plus de 20 % dans certains pays, à l’instar de la Hongrie, de la Suède ou encore de l’Allemagne.

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Oui à la transformation, mais à un « rythme soutenable »

Pour les représentants de l’ACEA, la principale recommandation qui doit être dégagée du rapport FTI est que la chaîne de production de la voiture électrique devra se transformer à un rythme soutenable pour sauvegarder l'emploi en Europe. « La totalité de la chaîne de production européenne devra se transformer à un rythme soutenable », plaide ainsi Erik Jonnaert, le secrétaire général de l'ACEA.

En clair, les industriels demandent à la Commission Européenne de modérer ses ambitions en matière de réduction des émissions polluantes des voitures. Une « marche forcée » dans la production de véhicules électriques serait très pénalisante pour l'industrie automobile, et plus encore « de façon disproportionnée » pour les équipementiers, martèlent-ils.

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Réduction de 50 % des émissions de carbone d'ici 2030

Pour rappel, en novembre 2017, l'exécutif européen avait proposé d'imposer une réduction de 30 % de la moyenne des émissions de CO2 des voitures particulières d'ici 2030. Mais un projet de rapport de la commission Environnement du Parlement, qui sera voté la semaine prochaine, avance des objectifs beaucoup plus ambitieux : une réduction de 50 % des émissions de carbone d'ici 2030, ainsi que des objectifs ambitieux en matière de production de véhicules à faibles émissions. Le rapport de cette commission est un préambule à la position du Parlement, qui sera votée vraisemblablement en octobre.

« La Commission (Européenne) reconnaît que les véhicules électriques à batterie sont moins gourmands en main-d'œuvre que les véhicules équipés d'un moteur à combustion interne », mais elle « sous-estime l'impact négatif de ses propositions » sur les limites d'émissions de CO2, alerte l’ACEA.



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