Voiture électrique : le Québec veut l’imposer par la loi

Publié le 09 mars 2016 à 15h00 | Jean-Christophe LEFEVRE | 3 minutes

Avec sa loi « zéro émission » prochainement présentée, le Québec deviendra-t-il la nouvelle Californie de la voiture électrique ?

Imposer aux constructeurs de commercialiser des véhicules électriques sous peine d’amendes, tel est l’objectif d’une nouvelle loi qui pourrait être prochainement votée au Québec. Explication.

 

100 000 véhicules électriques en 2020

Un gouvernement remanié, toujours libéral depuis deux ans, s’est récemment installé à la tête du Québec et il a l’intention de faire bouger les lignes sur le véhicule électrique. Et la Belle Province n’y va pas par quatre chemins. Il s’agirait tout simplement d’imposer aux constructeurs une loi « zéro émission » très contraignante afin d’atteindre l’objectif ambitieux de 100 000 véhicules électriques sur les routes québécoises en 2020, selon notre confrère La Presse qui s’est entretenu avec Jacques Daoust, le nouveau ministre des Transports.

 

Que fait Elon Musk ?

Le parc de voitures électriques canadien est en effet assez maigre au pays du pétrole pas cher et atteint tout juste 8 500 unités, dont la moitié pour la seule province du Québec. L’autre province « branchée » est à l’autre bout du continent canadien puisqu’il s’agit de la Colombie britannique (Vancouver principalement). Le nouveau ministre des Transports ne veut donc pas attendre sagement que le « canadien moyen », tout comme « l’américain moyen », se convertisse tout seul à la voiture électrique. Un comble pour le Canada dont une des figures de proue de l’industrie automobile électrique n’est autre que Elon Musk, le patron de nationalité canadienne (depuis 1988) de Tesla.

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Tesla Motors qui caracole en tête des immatriculations de véhicules électriques là-bas (6 660 ventes en 2015 au Québec) avec sa Model S (2010 unités), devant le Chevrolet Volt (1 463) et la Nissan LEAF (1 233). A ce rythme-là, l’objectif des 100 000 unités pour 2020 était inatteignable. D’où cette idée assez étonnante pour un pays libéral, d’imposer sous la contrainte de la loi, la commercialisation de véhicules électriques. Et Jacques Daoust d’expliquer que « au cours de la prochaine année, vous verrez des initiatives qui iront justement dans ce sens. Il y a une volonté, mais on ne peut pas penser que ça va se réaliser [cet objectif] en ayant simplement l'expression d'un souhait. Il va falloir aller plus loin que ça. » Selon le journal La Presse, il s’agirait de mettre en place une péréquation entre le nombre de véhicules à essence vendu par un constructeur par rapport aux ventes annuelles de véhicules électriques.
 

Un crédit « zéro émission »

Produire, distribuer, vendre un véhicule électrique donne un certain nombre de crédits « zéro émissions ». Plus les efforts sont conséquents, plus on a de crédits permettant d'éviter des sanctions financières. Un système déjà en place en Europe avec les crédits carbone mais qui permettrait par exemple de vendre des crédits « zéro émission » à d'autres constructeurs en retard en matière de voitures électriques et qui leur éviterait une sanction. Bref, une véritable « usine à gaz » dont l’objectif louable va à l’encontre des politiques incitatives habituelles (primes à l’achat par exemple) qui font aujourd’hui leurs preuves en Norvège par exemple.

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Etonnant de la part d’un ministre libéral mais pas vraiment une surprise pour les observateurs du secteur puisque Jacques Daoust est un fervent partisan de l’interventionnisme d’Etat et l’avait prouvé il y a deux ans en injectant un milliard de dollars d’argent public dans l’avionneur canadien Bombardier pour assurer l’assemblage de son CS100 au Québec à l’usine de Mirabel, jet régional de 110 à 150 places qui succèdera aux CRJ. Reste maintenant au nouveau gouvernement du Québec à obtenir une majorité pour faire voter cette loi. Un dossier que Breezcar suivra de près.

Jean-Christophe LEFEVRE

Journaliste auto depuis plus de 30 ans, sa passion c'est le journalisme sous toutes ses formes. Essayeur attitré des lecteurs de l'Auto-Journal, du Monde et du Figaro, cet « auto addict » a aussi copiloté le site éponyme et écrit aujourd'hui pour Breezcar, Silver Age et la presse auto pro.



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