La voiture électrique et ses idées reçues

Publié le 24 septembre 2012 à 21h58 | Fabrice SPATH | 9 minutes

Futurs consommateurs ou curieux, vous vous êtes très certainement posés de nombreuses questions sur la voiture électrique, sur son coût réel, sur sa sécurité, sa consommation, sa recharge, ... Voici quelques-unes des questions les plus fréquemment posées. Suivront bien d'autres ainsi qu'un dossier similaire sur les voitures hybrides, avec un seul objectif : vous donnez des réponses et des informations concrètes, objectives, dépassionnées.

 

Une voiture électrique ? C’est une voiture sans permis, non ? 

Une vingtaine de modèles 100 % électriques sont aujourd’hui disponibles en France, principalement sur les segments des citadines (exemple : Citroën C-Zero équivalente de la Citroën C1) et des berlines compactes (exemple : Nissan LEAF équivalente de la Renault Mégane) et sont de véritables voitures. Les modèles plus petits, comme certains quadricycles (Renault Twizy), peuvent être effectivement conduits sans permis, mais ils répondent à des besoins bien spécifiques (collectivités et entreprises principalement). 

 

Pas de sortie d’échappement ? Mais y-a-t-il un moteur ? 

La voiture électrique ne dispose pas d’un moteur thermique, essence ou diesel. Pour se mouvoir, la voiture utilise un moteur électrique alimenté par de l’énergie embarquée dans les batteries. Pas de combustion, pas d’émissions de particules fines et encore moins de C02 (de la batterie à la roue), le tout dans un silence de conduite très appréciable. 

 

L’absence de bruit est-elle dangereuse pour les piétons ? 

Une voiture électrique est très silencieuse. Seuls le bruit des pneus sur la route et le léger sifflement émis par le moteur peuvent alerter les piétons de l’arrivée du véhicule. C’est au conducteur d’être vigilent et de se signaler au moyen de son avertisseur sonore. Dans les faits, les utilisateurs réguliers de voitures électriques vous diront qu’il s’agit d’une habitude à adopter, comme à vélo en zone piétonne, vous incitant à rouler de façon plus sécurisante. La Nissan LEAF émet un son lorsque son conducteur effectue une marche arrière, la Renault Zoé est équipée quant à elle d'un système de son extérieur pour prévenir les piétons (ZE Voice). 

 

La voiture électrique, c’est cher non ?

Les premiers modèles semblent plutôt onéreux, surtout en comparant leur coût d’achat avec des véhicules thermiques équivalents. Pourtant, en réalisant un comparatif entre la berline Renault Fluence dci 85 (diesel) et son équivalent électrique (Fluence ZE), cette dernière est rentable pour un particulier à partir de 15 000 km parcouru par an, à partir de 9 000 km pour une entreprise (en prenant en compte les coûts du carburant, de la location de la batterie, de la borne de recharge, de la TVS, …). 

 

La voiture électrique va donc être de plus en plus accessible ? 

Le surcoût lié à l’achat d’une modèle électrique est en partie compensé par les généreux bonus de l’Etat (qui visent à dynamiser les ventes) ainsi que par un budget entretien réduit : aucune vidange à réaliser, de courroie de distribution ou d’embrayage à remplacer, des plaquettes de freins épargnées par le frein moteur et le système de récupération d’énergie au freinage, … Sans compter un poste carburant qui sera réduit en moyenne à 250 € pour parcourir 10 000 km et une TVS nulle pour les entreprises. Sur le comparateur Breezcar, vous pourrez retrouvez les coûts moyens liés à l'énergie, l'assurance et l'entretien pour chaque véhicule électrique et son équivalent thermique. 

 

Pas d’embrayage ? La voiture électrique est donc une automatique ? 

Il n’y a pas de boîte de vitesse. Vous avez simplement la marche avant et la marche arrière. Vous accélérez et donnez progressivement de la puissance au moteur. Cela ressemble à une boîte de vitesse automatique classique présente sur les modèles haut de gamme. 

 

La technologie est-elle vraiment au point ? 

Les véhicules électriques de première génération produits dans les années 1990 (les constructeurs français furent les pionniers avec leurs Peugeot 106, Citroën Saxo et Renault Kangoo) ont nécessité d'importants investissements en recherche et développement (R&D), les retours d’expérience significatifs et les technologies aujourd’hui matures (nouvelle génération de batterie, système de récupération d’énergie au freinage, …) font des véhicules électriques de deuxième génération des véhicules aussi fiables que leurs homologues thermiques

 

Quelle est l’autonomie d’une voiture électrique ? 

En fonction du type de parcours, du mode de conduite et de l’utilisation des auxiliaires (climatisation, chauffage, …), une voiture électrique peut parcourir entre 80 et 160 km. Cette autonomie, plutôt modeste, couvre les trajets quotidiens (domicile-travail, courses, loisirs, enfants…), tant en milieux urbain, péri-urbain que rural. L’autonomie est à mettre en parallèle avec les 40 km réalisés en moyenne chaque jour par les Français. 

 

La voiture électrique ne permet donc pas les longs trajets ? 

C’est vrai, la voiture électrique est parfaite comme deuxième véhicule et permettra de couvrir les besoins en mobilité du quotidien, le véhicule principal se chargeant des distances plus longues. S’il s’agit de votre véhicule principal, l’autonomie ainsi que le réseau public de bornes de recharge étant pour l’instant relativement restreints (2500 bornes de recharge en France, hors Autolib' sur Paris), les longs trajets vous contraindront à privilégier d’autres modes de transport, tels que le train et la location d’un véhicule. 

 

Le réseau de recharge public n’est pas développé ? Comment alors recharger sa voiture électrique ? 

Dans votre maison individuelle, dans votre garage : 

  • soit sur une prise domestique 220v (installation certifiée par un électricien pour des raisons de sécurité),
  • soit une borne de recharge, de type Wallbox avec ou sans câble attaché.

 

Dans une copropriété : 

  • dans un box fermé, sur une prise domestique ou une Wallbox (avec ou sans câble attaché),
  • pour les autres cas de figures (parking ouvert à l’ensemble des copropriétaires), le « Droit à la prise » est appliqué.

 

Le droit à la prise d'applique :

  • à tous les nouveaux bâtiments dont le permis de construire a été déposé après le 1er juillet 2012 doivent prévoir des fourreaux ou chemins de câbles pour alimenter des points de recharge,
  • pour les autres immeubles, une demande par écrit doit être envoyée au Syndic puis être validée en Assemblée Générale ; les frais d’installation sont à l’entière charge du copropriétaire qui a fait de la demande de la mise en application de ce droit. 

 

Dans les entreprises, c’est au bon vouloir de l’employeur et/ou du gestionnaire d’installer une borne de recharge pour les voitures électriques personnelles des salariés (attention toutefois à la notion d’avantage en nature, notion que nous évoquerons plus bas).

 

Les bornes de recharge ouvertes au public :

  • sur la voirie, dans les parkings publics,
  • dans les stations-services,
  • sur les parkings des hypermarchés et centres commerciaux,
  • auprès de certains hôtels-restaurants.

 

L’accès à ces bornes est très souvent gratuit ou nécessite d’être client de l’établissement ou de l’enseigne. Pour trouver les bornes de recharge à proximité de votre domicile, de votre lieu de travail ou lors d’un long trajet, privilégiez l’application ChargeMap web et mobile. 

 

Et les prises, j’imagine qu’il existe un standard ? 

La normalisation des prises est en cours d'homogénéisation. Ce qu’il faut retenir, c’est que la majorité des bornes de recharge en France vous permettront de recharger votre véhicule avec le câble fourni par le constructeur. Ce câble va également vous permettre de recharger votre voiture sur n’importe quelle prise domestique (installation récente ou contrôlée). Pour la recharge rapide, la majorité des modèles de véhicules disponibles accepte la recharge rapide (80% de la capacité rechargés en 15 minutes). 

 

Et il faut combien de temps pour recharger la voiture ? 

De 15 minutes (recharge rapide disponible dans certaines stations-services et centres commerciaux) à 10 heures (sur une prise domestique lorsque la batterie est complétement déchargée, le temps d’une bonne nuit de sommeil), en fonction de la puissance délivrée par la borne. 4 grands temps de recharge sont à distinguer : 

  • de 15 à 30 minutes sur une borne de recharge rapide,
  • de 2 à 4 heures sur borne de recharge semi rapide,
  • de 4 à 6 heures sur borne de recharge lente (exemple : Wallbox),
  • de 6 à 10 heures sur prise domestique. 

 


Quel est le coût d’une borne de recharge ? 

Dans une maison individuelle : comptez entre 100 et 600 euros pour une prise sécurisée ou une wallbox (hors installation) 

Dans une copropriété :

  • en box fermé : installation et prix identiques que pour une maison
  • pour les autres cas de figures (parking ouvert à l’ensemble des copropriétaires) : entre 300 (wallbox sécurisée par clé) et 2500 euros (borne de recharge murale ou sur pied avec comptage des consommations), hors installation.

 

Dans une entreprise : de 400 à 2500 euros pour une borne de recharge normale ou semi-rapide L’employeur devra toutefois ne pas négliger l’avantage en nature que représente la mise à disposition de bornes à un ou plusieurs salariés qui rechargeront leurs véhicules personnels.

 

Pour une installation en voirie (collectivités) : de 4000 à 8500 euros pour une borne de recharge accélérée dotée d’un système de supervision. 

 

La durée de vie des batteries de la voiture est-elle réduite ? 

Les batteries de la plupart des véhicules électriques utilisant la même technologie que les batteries pour téléphone mobile ou ordinateur portable (Lithium-Ion), celles-ci perdent de leur capacité en fonction des nombreux cycles de charge et de décharge. La très grande majorité des constructeurs garantissent le système chaîne de traction et batterie entre 3 et 5 ans et proposent leurs modèles électriques en location longue durée (entre 23 et 48 mois généralement), ce qui vous permet de ne pas vous préoccuper des éventuelles pertes de capacités de la batterie. Enfin, beaucoup de constructeurs, Renault le premier, proposent à leurs clients de louer les batteries, location également assortie d’une garantie. 

 

Avec l’arrivée de toutes ces voitures électriques, il va falloir construire d’autres centrales nucléaires pour les alimenter ? 

Quatre arguments principaux sont susceptibles d'éclairer le consommateur sur ce sujet sensible : 

  • selon EDF, recharger son véhicule à domicile ne consomme pas plus d’électricité que la résistance d’un chauffe-eau,
  • les véhicules 100% électrique arriveront progressivement sur le marché, ce qui ne nécessitera pas une forte augmentation des besoins en énergie du jour au lendemain,
  • les centrales nucléaires produisent souvent « à perte » la nuit ; les voitures électriques permettront à moyen terme de stocker de l’énergie dans leurs batteries durant la nuit et de la réinjecter sur le réseau en journée, au moment où la demande est la plus forte,
  • d’ici à 2020, la France s’est fixée pour objectif que 23% de l'électricité consommée en France le serait à partir d'un mix d'énergies renouvelables(hydraulique, éolien, biomasse, solaire, …),20% en Europe. De quoi largement alimenter le petit parc de véhicules électriques … 

 

Une voiture électrique est-elle dangereuse ? 

Les voitures électriques, tout comme les voitures thermiques qui transportent entre 40 et 80 litres de carburant (essence ou diesel), ont fait l’objet d’une batterie de tests et d’homologations qui leur assure une sécurité maximale dans toutes conditions. 

 

Me recharger sous la pluie est-il dangereux ? 

Si j’envisage de me recharger sur une borne soumise aux intempéries (pluie, neige…), les connecteurs de la prise ainsi que le système de sécurité de la borne empêchent tout contact direct avec le courant électrique, vous permettant de recharger en toute sérénité.

Fabrice SPATH

Cofondateur du site, Fabrice roule en électrique la semaine et en hybride rechargeable le week-end. Après être passé par la case ingénierie chez des constructeurs et équipementiers outre-Rhin, il collabore régulièrement avec la rédaction et travaille au développement de la place de marché.



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