Toyota Mirai à hydrogène : les premiers essais (+ photos)

Publié le 23 novembre 2014 à 11h34 | Fabrice SPATH | 7 minutes

Toyota Mirai : la première voiture électrique à hydrogène du constructeur

Toyota Mirai : la première voiture électrique à hydrogène du constructeur

Une poignée de journalistes a récemment eu l’occasion de tester la Toyota Mirai, la première voiture électrique dopée à l’hydrogène du constructeur. Commercialisée en Europe en septembre prochain au prix de 79 200 euros, la Mirai est dotée d’une pile à combustible alimentée par deux réservoirs contenant du dihydrogène sous pression. Autonomie annoncée : 550 km pour un plein complet en 3 minutes seulement.

 

Pourquoi une voiture électrique à hydrogène ?

Hyundai ix35 FC, Honda FCX Clarity, Toyota Mirai, Audi A7 h-tron, Volkswagen Golf SW HyMotion, … Les voitures électriques dopées à l’hydrogène ont le vent en poupe ces dernières semaines. Pour rentrer dans les limites d’émissions de CO2 imposées par les régulateurs européen, nippon, américain et même chinois, les constructeurs automobiles expérimentent différentes technologies destinées à réduire les émissions de leurs gammes. La dernière tendance est à l’électrification à géométrie variable des véhicules, un phénomène qui se concrétise par la mise sur le marché de modèles hybrides, hybrides rechargeables et 100 % électriques. La voiture électrique est souvent montrée du doigt pour son autonomie réduite, en moyenne 150 km en conditions normales d’utilisation. Pour augmenter cette autonomie, certains industriels greffent à leurs véhicules électriques purs des prolongateurs d’autonomie qui prennent la forme d’un moteur thermique additionnel – comme sur la BMW i3 ou l’Opel Ampera – ou d’une pile à combustible alimentée en hydrogène qui font office de générateur d’électricité.

Toyota Mirai à hydrogène

 

Commercialisation en Europe à l’automne 2015

En 1997, Toyota lançait la première voiture hybride essence-électrique de série au monde : la Prius. 17 ans plus tard, alors même que les confrères du constructeur de Nagoya moquaient une technologie qui était selon eux vouée à l’échec, Toyota a commercialisé plus de 7 millions de modèles hybrides. En France, une gamme complète de 5 véhicules hybrides est présente à son catalogue : la citadine Yaris HSD, la compacte Auris HSD, le break Auris Touring Sports HSD, la berline Prius – dans ses variantes hybride et hybride rechargeable Plug-in Hybrid – et le monospace 7 places Prius +. Ne souhaitant pas investir le marché de la voiture 100 % électrique – hormis en Chine via un partenariat avec GAC (lire notre article à ce sujet) –, Toyota vient de lancer à Tokyo sa première voiture électrique dopée à l’hydrogène. Injustement considérée comme la première voiture à hydrogène de série au monde – le SUV Hyundai ix35 à hydrogène en est à sa troisième génération et est déjà commercialisé aux Etats-Unis, en Californie –, la Toyota Mirai sera disponible dès septembre 2015 aux Etats-Unis et en Europe (Allemagne, Danemark et Royaume-Uni).

 

Une berline 4 portes disposant de 4 places

Très attendue, la Mirai a fait l’objet de premiers essais auprès de la presse spécialisée. Parmi les journalistes qui ont eu le privilège d’en prendre le volant, nos confrères australiens du site Motoring. Extérieurement, la Toyota Mirai affiche une ligne très singulière qui est moins exubérante en réalité que ce que peuvent laisser penser les clichés officiels. A l’avant, les grandes prises d’air servent à refroidir la pile à combustible et à alimenter cette dernière en oxygène. Avec des dimensions proches de celles d’une Prius, la Mirai est dotée d’une planche de bord qui est à l’image du design extérieur. L'habitacle est doté d'une sellerie en simili-cuir de bonne facture, d'un chargeur téléphone mobile à induction (inauguré dans le SUV LExus NX) et l'équipement est très complet (dont nombreuses aides à la conduite). Dans le coffre de 450 litres de cette berline 4 portes disposant seulement de 4 places – en raison de la présence d'un tunnel central –, on trouve une prise destinée à alimenter une habitation, une fonctionnalité équivalente à celle présente sur le concept Honda FCV présenté hier (lire notre article à ce sujet). Seul bémol : la banquette arrière ne se rabat pas. D’un poids à vide de 1 850 kg, la Toyota Mirai intègre une pile à combustible alimentée en dihydrogène (H2) gazeux stocké à 700 bars dans deux caissons d’une capacité totale de 122,4 litres (soit 5 kg de H2). Au contact du dioxygène (O2) capté dans l’air extérieur, le H2 produit de l’énergie électrique au sein de la pile, selon le principe de l’oxydoréduction.

Toyota Mirai à hydrogène

 

Une voiture qui ne rejette que de la vapeur d’eau

Contrairement au Hyundai ix35 Fuel Cell que nous avons testé entre Lyon et Grenoble, la voiture électrique à hydrogène de Toyota n’est pas dotée d’une batterie Lithium-Ion dont la capacité serait équivalente à celle d’un modèle 100 % électrique (24 kWh environ). Ici, seule figure une petite batterie tampon à technologie Ni-MH (Nickel-métal hydrure) déjà utilisée sur l’ensemble des modèles hybrides de la marque aux trois ellipses. Toyota a semble-t-il voulu faire au plus simple et, surtout, au plus économique et au plus fiable. L’électricité produite par la pile à combustible de la Mirai alimente donc quasi directement le moteur électrique développant une puissance de 154 ch (335 Nm de couple), sans qu’aucun stockage ne soit réalisé dans un accumulateur. Si la production actuelle de dihydrogène est très émettrice en CO2 – 1 kg de CO2 pour 1 kg de H2 permettant de parcourir 100 km environ, soit une moyenne de 100 g de CO2 par km parcouru –, les rejets locaux d’une voiture à hydrogène ne sont composés que … de molécules d’eau.

 

Une autonomie réelle de 550 km et un plein réalisé en 3 minutes

Le fonctionnement de la Toyota Mirai à hydrogène est très proche de celui d’une voiture électrique : silence et douceur de fonctionnement, sélecteur de vitesses réduit à la marche avant et arrière, accélérations franches et linéaires (le 0 à 100 km/h est exécuté en 9 secondes), … Quant à la vitesse maximale, elle est limitée à 179 km/h. Pour faire le plein d’hydrogène, seules 3 à 5 minutes suffiront pour recouvrir quelques 550 km d’autonomie réelle. Une expérience qui est très proche de celle d’un plein de carburant essence ou diesel sur un modèle thermique conventionnel. Pour un véhicule électrique uniquement doté de batteries – type Nissan LEAF ou Renault ZOE –, le temps de charge est plus long (30 minutes sur une station de charge rapide et jusqu’à 10 heures sur une prise de courant domestique). Voiture intégralement conçue autour des enjeux de l’électrique et de l’hydrogène – le modèle n’est pas décliné dans des versions thermiques essence ou diesel –, la Mirai prend peu de roulis dans les virages. Seule la monte pneumatique en 17 pouces renvoie vers l’habitacle des vibrations liées aux irrégularités de la route.

Toyota Mirai à hydrogène

 

Prix : à partir de 79 200 euros, la France pas concernée

Très récemment lancée au Japon, la Toyota Mirai sera commercialisée dans ce pays dès le 15 décembre prochain. Elle rejoindra les continents nord-américain et européen en septembre 2015. Le constructeur de Nagoya s’est fixé comme objectif d’en écouler 700 unités par année pleine, dont 400 rien qu’au Japon. Un pays qui disposera d’ici la fin 2015 d’une centaine de stations de distribution d’hydrogène et qui subventionne massivement l’achat de voitures électriques à hydrogène (jusqu’à 14 600 euros par véhicule). Le prix de la Mirai en Allemagne a été annoncé à 79 200 euros. A ce tarif, Toyota offre une assistance téléphonique gratuite 24/24h et 7/7j ainsi que 3 ans de ravitaillement en hydrogène. La France n’est pas concernée par la première vague de commercialisation, son infrastructure de distribution publique d’hydrogène étant pour l’instant quasi inexistante. Un état de fait qui devrait évoluer positivement dans les prochains mois avec le concours de fonds européens (programme TEN-T).

Galerie de photos

Les plus

  • douceur de fonctionnement
  • polyvalence et autonomie
  • accessible aux particuliers
  • facilité de rechargement

Les moins

  • France pas concernée à moyen terme
  • banquette arrière non rabattable
  • peu de stations de distribution d'hydrogène
  • technologie encore coûteuse
Fabrice SPATH

Fabrice SPATH

Cofondateur du site, Fabrice roule en électrique la semaine et en hybride rechargeable le week-end. Après être passé par la case ingénierie chez des constructeurs et équipementiers outre-Rhin, il collabore régulièrement avec la rédaction et travaille au développement de la place de marché.

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