ESSAI – Toyota C-HR : convaincre, toujours convaincre

Publié le 21 novembre 2016 à 15h00 | Jean-Christophe LEFEVRE | 6 minutes

Avec sa finition soignée, le crossover hybride essence-électrique est bien armé pour affronter les Nissan Qashqai voire même le Mini Countryman

Le japonais fait le pari de convaincre la très large majorité de ses futurs clients de son crossover compact Toyota C-HR de choisir la motorisation hybride, issue de la récente Prius 4. La conjoncture réglementaire et législative prévue en 2017 pour les particuliers – centre-ville à circulation restreinte – et pour les professionnels – récupération de 20 % sur la TVA du supercarburant – devraient l'y aider. Du coup, la disparition du bonus de 750 euros au 31 décembre prochain ne sera pas un obstacle selon Toyota France. Et comme la version essence 1.2 Turbo de 116 ch est frappée par un malus (135 g, 210 euros) et qu'il n'existe pas de motorisation diesel, le choix est assez vite fait ! Toyota France force donc un peu la mise alors que les qualités de son C-HR parlent pour lui. Essai madrilène par Jean-Christophe Lefèvre.

 

Aussi logeable qu'un Qashqai

Les fidèles lecteurs de Breezcar n'ont plus besoin d'être convaincus par les bienfaits des motorisations « propres », qu'elles soient hybrides ou électriques. En revanche, le n°1 mondial de l'hybride doit encore prouver aux consommateurs que sa solution hybride essence-électrique est la meilleure et la moins chère. Pas facile lorsque la concurrence se réveille et que les atouts de l'hybride sur ce crossover compact sont moins probants que sur son lointain cousin, le gros SUV Lexus RX 450h déjà très cher en version essence. Il faut en effet savoir que l'accès à la gamme C-HR avec le 1.2 Turbo essence est à 22 900 euros alors que l'hybride nécessitera au minimum 28 500 euros.

Ce pari repose donc sur le pouvoir de séduction de ce crossover d'un genre nouveau qui, avec ses 4,36 m de longueur, est à peine plus long que l'Auris et bien plus court que le RAV4. Mais ne vous y trompez pas, il est aussi grand et logeable qu'un Nissan Qashqai alors que son style coupé très profilé à 1,55 m de hauteur seulement pourrait le classer visuellement dans le segment inférieur des Nissan Juke et autre Renault Captur, 20 cm plus courts.

 

Un espace parfois confiné

Et c'est ce qui surprend immédiatement lorsque l'on prend place à bord où la sensation d'espace à l'avant est bien réelle, le confort d'assise et l'amplitude des sièges étant très corrects. A l'arrière, les grands pourront placer leurs genoux sans problème et ne toucheront pas le toit avec leur tête. En revanche, il ne faut pas souffrir de claustrophobie, la vision vers l'avant étant réduite et, sur les côtés, réduite à une visée dans une meurtrière de char ... On se réconfortera avec un joli dessin de la planche de bord et de la console centrale dont les revêtements et les matériaux sont de très bonne qualité pour le segment. Toyota est même allé chercher DS et Lexus sur le terrain du design visuel avec une imitation très bien réalisée en "pointe de diamant" pour les contre-portes. Le tout est très valorisant et très bien assemblé, les ouvriers de l'usine turque se démenant pour prouver qu'ils sont aussi bons qu'en Allemagne.

 

Un châssis très réussi

On retrouve sous le capot avant la chaîne de traction hybride de la récente Prius avec le 1.8 l essence développant 98 ch et 142 Nm de couple aidé par un moteur électrique de 53 kW et 163 Nm, les deux combinés offrant un total de 122 ch entraînant les roues avant. Pour une version 4x4, il faudra obligatoirement passer au 1.2 Turbo (à partir de 27 400 euros), un moteur électrique sur le train arrière, comme pour le RAV4 n'étant pas techniquement possible.

Sur la route, la plateforme TNGA de la Prius est un véritable bonheur de rigidité torsionnelle et les liaisons au sol neutralisant tout roulis ou tangage incitent à une conduite dynamique, en plus d'être agréable et confortable pour les passagers, le silence de roulage en prime. C'est la vraie réussite de ce Toyota C-HR qui est donc à l'aise sur tous les types de parcours, y compris en ville ou sur autoroute avec une vivacité qui n'est jamais ressentie comme non sécurisante. Attention donc aux vitesses de passage en courbe excessives !

 

Une boîte CVT qui fait à nouveau parler d'elle

En revanche, nous avons été moins convaincus par la mécanique hybride qui nous avait tant séduit sur la nouvelle Prius. Ici, malgré un poids conséquent mais identique à la Prius, le moteur fait à nouveau parler de lui lors des fortes demandes de puissance : l'éternel bruit de moulin à café de la boîte de vitesse "à bretelles" est de retour, c'est dommage. Toyota nous assure que c'est volontaire avec des lois de montées en régime du moteur hybride qui maintienne le moteur thermique haut dans les tours. Pas vraiment convaincant et il ne serait pas surprenant qu'une nouvelle programmation de la chaîne de traction apparaisse pour les conducteurs européens, plus exigeants sur ce point-là que les Américains ou les Japonais.

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Si ce C-HR fait donc parler de lui en bien et en moins bien, il est un point essentiel pour convaincre son futur possesseur : sa vraie sobriété. Si selon le cycle très favorable NEDC, la consommation moyenne avec des roues en 17 pouces est de 3,8 l/100 km, soit 86 g de CO2, déclenchant un bonus jusqu'au 31 décembre 2016 de 750 euros (aucun bonus en 2017), selon nos essais en roues de 18 pouces sur routes dégagées à un rythme normal, elle est plus proche de 5,0 l/100 km (3,9 l officiellement et 87 g). C'est, grosso modo, ce que nous avions mesuré avec la Prius 4, pas de mauvaise surprise donc. En position Sport pour une conduite plus dynamique et amusante, nous avons relevé 7,2 l/100 km, c'est correct pour une hybride essence aux prétentions un peu sportives (pour son design au moins !) et c'est aussi ce que vous consommerez sur autoroute. En conduite urbaine dans les encombrements réputés de la capitale ibérique, nous sommes retombés à 4,6 l/100 km, une sobriété que vous pourrez reproduire aussi si vous conduisez tranquillement sur nos routes de campagne.

Au bilan, pour un prix débutant à 28 500 euros, ce C-HR pourrait bien faire du mal à des concurrents classiques comme le Nissan Qashqai mais aussi aller chercher des possesseurs de Mini Countryman, de DS4, de Volkswagen Golf ou encore de Range Rover Evoque. C'est de bon augure pour sa large commercialisation qui débutera le 24 novembre prochain.

Toyota C-HR Hybride

Hybride

Moteur thermique (cm3)

1 798

Puissance/couple (ch/Nm)

98/142

Moteur électrique (ch-kW/Nm)

71-53/163

Puissance/couple cumulés (ch/Nm)

122/142

Batterie (kWh)

1,31 kWh

Conso. mixte (l/100 km)

3,8 (roues 17 pouces)

Émissions de CO2 (g/km)

86

Vitesse maxi (km/h)

170

0 à 100 km/h (s)

11,0

Poids à vide (kg)

1 380

Charge utile (kg)

420

Coffre (l)

377

L x l x h (mm)

4 360 x 1 795 x 1 555

Prix (à partir de, € TTC)

28 500

Galerie de photos

Les plus

  • réel agrément de conduite
  • bonne sobriété sur tous parcours
  • qualité de fabrication et finition valorisante

Les moins

  • sensation de confinent à bord
  • bruit de la boîte CVT
  • concurrente 1.2 T essence séduisante

Jean-Christophe LEFEVRE

Journaliste auto depuis plus de 30 ans, sa passion c'est le journalisme sous toutes ses formes. Essayeur attitré des lecteurs de l'Auto-Journal, du Monde et du Figaro, cet « auto addict » a aussi copiloté le site éponyme et écrit aujourd'hui pour Breezcar, Silver Age et la presse auto pro.



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