Essai Renault Twizy : pour "early adopters" branchés !

Publié le 07 juin 2016 à 12h00 | Jean-Christophe LEFEVRE | 7 minutes

Disponible en versions 45 et 80 km/h, le quadricycle électrique Renault Twizy a été produit à plus de 16 000 exemplaires depuis 2011

Prêt pour une « nouvelle mobilité propre » ? Et même si vous n’êtes pas un « jeune urbain branché » comme le pense les marketeurs de Renault, la Twizy est une mignonne et amusante alternative au scooter ou à la voiturette. A condition que vous ne preniez pas l’avion à Roissy. Ce n’est pas tant l’autonomie – entre 55 et 80 km – qui est en cause mais tout simplement l’interdiction d’emprunter les autoroutes. Essai grandeur nature sur l’île d’Ibiza, par Jean-Christophe Lefèvre.

 

Quand le Losange s’inspire d’Apple

Nouvelle mobilité : tout le monde en parle sans vraiment savoir ce que cela veut dire. Chez Renault, on y croit sans être vraiment sûr que la clientèle va basculer vers ces nouveaux modes de déplacement. Alors, les ingénieurs du Losange, aiguillonnés par leurs collègues du marketing, ont adopté la démarche qui a si bien réussi à Apple. La fonction créée l’organe en quelque sorte ... pourvu que le design soit séduisant. Ce qui est le cas.

Partant d’une feuille blanche, les ingénieurs de Renault Sport n’avaient qu’une contrainte : concevoir un engin à quatre roues le plus étroit possible sans renier sur la sécurité des deux occupants. Le tout pour un prix débutant à 8 040 euros (7 340 euros pour la version bridée à 5 ch et 45 km/h) auquel il faut ajouter la location des batteries par Renault. Au minimum 30 euros par mois pour 36 mois et 2 500 km par an et jusqu’à 70 euros au maximum pour une location sur un an et 10 000 km. Ce tarif comprend une assistance 24/24h ... dont la panne sèche dans un rayon de 80 km, c’est plus sûr ! Par ailleurs, si la capacité de la batterie tombe sous les 75 %, celle-ci est remplacée gratuitement, c’est le principe de la location. Notez enfin que la Twizy n’est pas une voiture électrique mais un quadricycle (lourd ou léger) et n’a droit à aucun bonus ou aide gouvernementale.

 

Aussi sûre qu’une Twingo 2

Logée longitudinalement dans un tunnel sous les deux sièges, la batterie Lithium-Ion fournit 6 kWh et entraîne un moteur électrique implanté sur le train arrière de 13 kW, soit 17 ch avec un bon couple de 57 Nm. Une vraie petite propulsion donc mais qui pèse tout de même 473 kg, dont 100 kg de batterie. Situé à mi-hauteur de la Twizy, le centre de gravité a déterminé la largeur des trains avant et arrière : près de 1,10 m (1,40 m hors tout) ainsi que la garde au sol de 12 cm au maximum. Au-delà, nous certifie le chef de projet de Renault Sport, « nous ne pouvions plus assurer une tenue de route et une sécurité répondant à nos critères, ceux d’une voiture standard Renault ». D’ailleurs, la Twizy a été crashée chez Renault au centre d’essais de Lardy à 50 km/h en choc frontal et 29 km/h en choc latéral sans que la cellule et son châssis tubulaire ne soient déformés.

S’il n’y a pas de normes ni d’exigences légales et encore moins de crash test pour les quadricycles, on estime chez Renault que la Twizy obtiendrait 3 étoiles à l’EuroNCAP, l’équivalent d’une Twingo d’ancienne génération. Et pour démontrer sa préoccupation en matière de sécurité, Renault équipe en série la Twizy d’un airbag conducteur et de ceintures de sécurité à enrouleur aux deux places. Et côté freinage, les quatre roues sont équipées de disques qui freinent fort, très fort même.

 

Un univers entre voiture et scooter

La Twizy est une voiture d’un genre particulier, un scooter à quatre roues différent, un nouvel objet roulant non identifié. Si prendre place sur le siège conducteur ne pose pas de problème, accéder au siège arrière nécessitera quelques contorsions. Le maniement des portières à ouverture en élytre, à la manière d’une voiture de sport n’est pas de tout repos. Cette Twizy se conçoit d’ailleurs mieux sans portes mais leur protection contre la pluie et le vent est réelle. Notez tout de même qu’il n’y a pas de fenêtres, trop lourdes et impliquant ventilation et chauffage. Une fois derrière le volant, celui de la Laguna, l’univers est bien celui d’une voiture avec son compteur digital indiquant la vitesse, l’autonomie restante, la charge et une jolie flèche vous informant de la recharge au lever de pied.

Tout cela est très sécurisant, tout comme la prise électrique avec sa grosse rallonge bleue de 3 m permettant de se brancher sur une borne ou sur votre prise domestique (220V-10A, temps de charge de 3h30). On regrettera tout de même que les rangements ne soient pas plus vastes : deux petites boîtes à gants sur la planche de bord (3,5 l et 5 l avec une prise 12 V) et un coffre derrière le dossier arrière de 31 l mais d’un accès très malaisé. L’assemblage des équipements, la qualité des matériaux et le soin dans les finitions - la Twizy est fabriquée dans l’usine de Valladolid en Espagne - ne dépareillent pas dans l’univers Renault.

 

Un pilotage amusant

Un tour de clé au volant, un bouton poussoir pour passer en « Drive » et la Twizy décolle aussi vite qu’un scooter dans un silence appréciable. Comme pour toutes les voitures électriques, la poussée continue du moteur en surprendra plus d’un. En ville, lorsque le feu passe au vert, vous serez le premier ... au feu suivant ! On se faufile sans problème mais pas question de remonter une file de voitures à l’arrêt. La largeur totale est trop importante. Sur la route et sur les voies rapides (hors Francilienne A86, interdite), faites-vous tout petit car la vitesse maximale de 80 km/h (45 km/h sur la version sans permis B) est handicapante.

La tenue de route est sûre et amusante pour les amateurs de propulsion qui reconnaîtront la tendance naturelle au sous-virage, vite corrigée par un talon-pointe. Seul le confort très ferme pourra fatiguer certains : les sièges ne sont pas suspendus et les suspensions sont tarées pour une efficacité maximale en tenue de route.

Reste un point essentiel : quid de l’autonomie ? Annoncée pour 100 km selon le cycle d’homologation NEDC, Renault prend soin de préciser que cela représente 80 km en usage « normal » ou même 55 km en usage intensif. Sur les parcours d’essais d’Ibiza, en conduisant « on/off » systématiquement, nous avons parcouru 50 km avant la panne sèche. Sur les mêmes parcours et en conduisant de manière plus « civilisée » l’autonomie remonte bien à 80 km.

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La Twizy n’est donc pas une voiturette brinquebalante qui éclate en mille morceaux au moindre choc. Et encore moins un scooter sans aucune protection des occupants. Une vraie voiture en quelque sorte. Même si les deux portes sont en option (590 €), même si le confort est raide, même s’il n’y a pas de chauffage ou de climatisation qui obèreraient l’autonomie. Et même si sa vitesse est limitée à 80 km/h. Qui dit nouvelle mobilité dit bien nouveaux modes de conduite et de confort.

 

 

Renault Twizy

Electrique

Moteur

asynchrone

Puissance

13 kW/17 ch

Couple

57 Nm

Batterie

6,1 kWh/52A Lithium-Ion

Transmission

roues arrière

Dimensions (L/l/h, avec portes)

2 338 x 1 396 x 1 454 mm

Coffre

31 l

Poids

473 kg (maxi 690 kg)

0-50 km/h

6,6 s

Vitesse maxi

80 km/h

Autonomie

100 km ECE (réelle : 80 km)

Prix (à partir de)

8 040 € (hors location batterie)

 

 

VOIES INTERDITES : QUE DIT LA LOI ? La Twizy est un quadricycle à moteur, de catégorie “lourd” pour la version essayée ici dont la puissance ne peut excéder 15 kW (20 ch) et la vitesse 80 km/h. La version 45 (5 ch et 45 km/h) se classe dans la catégorie « légère ». La Twizy « standard » se conduit avec le permis auto B mais les autoroutes sont interdites, tout comme les voies rapides comportant un panneau représentant une voiture blanche sur fond bleu. Ainsi, la Francilienne (A86) est interdite, comme bon nombre de voies rapides, rocades et autres 4 voies aménagées.

Le tunnel de La Défense vous sera interdit alors que les périphériques, les voies sur berges parisiennes ou encore la N118 restent accessibles. La version 45 se conduit avec le BSR (Brevet de Sécurité Routière) à partir de 16 ans et les voies empruntables excluent toute incursion hors rues, départementales et nationales non aménagées. Revers de la médaille : les parents seront rassurés que leur progéniture roule dans un engin dont la sécurité est au niveau de leur ancienne Twingo des années 90.

Galerie de photos

Les plus

  • look atypique
  • silence de fonctionnement
  • accélérations
  • sécurité

Les moins

  • absence de fenêtres
  • pas de chauffage
  • accès arrière difficile
  • peu de rangements

Jean-Christophe LEFEVRE

Journaliste auto depuis plus de 30 ans, sa passion c'est le journalisme sous toutes ses formes. Essayeur attitré des lecteurs de l'Auto-Journal, du Monde et du Figaro, cet « auto addict » a aussi copiloté le site éponyme et écrit aujourd'hui pour Breezcar, Silver Age et la presse auto pro.



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