Voiture électrique : le Dieselgate va-t-il accélérer son développement ?

Publié le 19 septembre 2016 à 13h20 | Jean-Christophe LEFEVRE | 4 minutes

Avec 5,5 millions de véhicules diesel incriminés, la France est le pays européen le plus touché par le dépassement des normes antipollution

Le Dieselgate a ouvert il y a un an la boîte de Pandore. Volkswagen était alors seul sur le banc des accusés. Depuis, pression politique et associative aidant, les différents résultats compilés par l'association Transport & Environment issus des commissions indépendantes en Grande-Bretagne, en Italie et en France désignent d'autres coupables bien plus "dangereux" : Renault, Nissan, Fiat, Opel et Hyundai qui sont huit à quinze fois plus polluants ! Et la France serait le pays d'Europe le plus atteint avec 5,5 millions de véhicules diesel défaillants sur les 29 millions recensés sur les routes européennes. Comble de l'ironie, les voitures diesel Euro 5 et 6 de chez Volkswagen seraient les moins polluantes parmi ceux-ci. L’analyse de Jean-Christophe Lefèvre.

 

La loi du silence

Souvenez-vous, il y a un an, Volkswagen finissait par admettre qu'il avait eu recours à des logiciels truqueurs qui permettaient de déjouer les mesures d'émissions polluantes aux tests de certifications américains puis européens, jetant le discrédit sur toute une profession déjà malmenée : diéséliste. Jusque-là, la loi du silence et du tacite consentement mutuel régnait non seulement entre constructeurs mais aussi entre ces derniers et les autorités administratives chargées de valider la conformité des véhicules à des normes de dépollution élaborées par des experts de la Commission européenne. Tant que chacun n'allait pas fourrer son nez chez l'autre, tout allait bien et on vendait des oxydes d'azote et des microparticules à la tonne.

Jusqu'au jour où des associations indépendantes, dont Transport & Environment (T&E) ont enquêté puis obligé la justice à s'emparer du sujet. C'est le Dieselgate aux conséquences planétaires encore inconnues sauf pour le groupe Volkswagen qui va être obligé de dépenser des dizaines de milliards d'euros pour se sortir de ce mauvais pas. Un an après, T&E ressort le couvert et profite de ce que la boîte de Pandore est restée ouverte pour faire le bilan des différentes études et enquêtes portant sur un total de 230 véhicules diesel dans un rapport qui risque bien de signer la fin effective du diesel.

 

Le moins pollueur : Volkswagen !

En effet, plus de 29 millions de véhicules diesel circulant en Europe dépassent les normes de pollution et la France, à elle seule, en "accueille" 5,5 millions, devant l'Allemagne (5,3 millions), le Royaume-Uni (4,3 millions et l'Italie (3,1 millions). Des pays qui ont favorisé fiscalement et à outrance le diesel et s'en mordent les doigts aujourd'hui. Qui plus est, l'association T&E fait un distinguo fort utile entre la norme Euro 5 qui concerne plus de 4 véhicules sur 5 commercialisés entre 2010 et 2014 et la norme Euro 6 pour ceux vendus depuis 2015 dont les 2/3 sont hors normes. Et figurez-vous que dans ce palmarès peu glorieux, le moins pollueurs de tous est... Volkswagen !

 

Cesser d'étouffer le scandale

L'association dénonce donc d'abord le fait que tous les constructeurs de voitures diesels sont concernés à des degrés divers – les pires n'étant pas ceux que l'on croit, voir tableau – mais que les autorités de contrôle et de certification ne font absolument rien pour faire cesser le scandale des homologations de connivence : chaque constructeur fait certifier dans son pays de fabrication, y compris en "invitant" les inspecteurs à valider les résultats dans leurs usines comme l'ont révélé nos confrères des Echos la semaine dernière. Le tableau de T&E est assez éloquent et on se demande, un exemple parmi d'autres, pourquoi Volvo a choisi l'Espagne pour certifier ses voitures. Pour Greg Archer, responsable de l'étude T&E, "le vrai scandale de Dieselgate en Europe c'est que les régulateurs nationaux ferment les yeux dans le seul but de protéger leurs constructeurs nationaux. Ceci tue des dizaines de milliers de personnes chaque année. Les Etats européens doivent résister au nom de leurs citoyens et arrêter d'étouffer ce scandale". On ne saurait être plus clair.

Dieselgate : en finir avec le véhicule diesel ! 

Issue fatale

La lecture (en anglais) de l'introduction de cet épais rapport de 30 pages vaut d'ailleurs condamnation pure et simple du diesel, même très dépollué. Une issue fatale qui est dorénavant sérieusement envisagée chez Renault comme chez PSA en raison d'un surcoût de traitement de la pollution impossible à faire supporter au client. Ne reste plus à ces constructeurs que de comprendre que ce n'est plus seulement une question de coûts mais aussi et surtout une question de santé publique. Quel qu'en soit le prix. 

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Jean-Christophe LEFEVRE

Journaliste auto depuis plus de 30 ans, sa passion c'est le journalisme sous toutes ses formes. Essayeur attitré des lecteurs de l'Auto-Journal, du Monde et du Figaro, cet « auto addict » a aussi copiloté le site éponyme et écrit aujourd'hui pour Breezcar, Silver Age et la presse auto pro.



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