Bornes de recharge : Tesla critiqué en Allemagne

Publié le 29 mars 2014 à 14h30 | Fabrice SPATH | 3 minutes

Tesla Motors déploie des stations de charge rapide propriétaires pour sa Model S. Une démarche critiquée par Mercedes et R. Bosch

Le jeune constructeur Tesla Motors, créateur de la performante berline électrique Model S, vient de faire l’objet de critiques acerbes de la part des industriels allemands Daimler (Mercedes) et R. Bosch. En cause : le réseau de bornes de recharge rapide en cours de déploiement en Europe.

 

Un succès commercial qui fait des envieux

Le succès de Tesla Motors fait des envieux chez les constructeurs automobiles du Vieux Continent qui ne sont pas dotés de la même agilité que l’ancienne start-up californienne créée en 2003. Les performances commerciales de la berline Tesla Model S 100 % électrique en Europe – en septembre 2013, la Model S a détrôné la VW Golf au classement des ventes en Norvège (lire notre article à ce sujet) – ont fini par agacer. Dans le cadre d’une interview donnée au magazine allemand Automobil Woche, le patron de l’équipementier R. Bosch, Volkmar Denner, a qualifié de non-sens économique le déploiement européen en cours des Superchargers, les stations de charge rapide propres à Tesla.

 

Une recharge en 30 minutes pour 300 km d’autonomie

Les critiques ont également émané du constructeur Daimler (Mercedes) pour qui l’installation de ces stations de charge rapide peut être considérée comme un risque pour la filière du véhicule électrique. A ce jour, seuls 14 de ces Superchargers qui peuvent délivrer jusqu’à 135 kW de puissance (courant continu DC) ont été déployés en Europe. Installées sur les grands axes routiers reliant les grandes métropoles, ces stations privatives ne peuvent accueillir que la Model S et les futurs modèles Tesla. Tandis que les bornes de recharge rapide actuelles ne dépassent pas 53 kW, les Superchargers sont capables de recharger intégralement les batteries de la Model S en 30-40 minutes pour une autonomie de 300-400 km (fonction de la capacité de la batterie, soit 65 ou 85 kWh). Contre 30 minutes et 150 km d’autonomie pour un véhicule électrique « standard » (Renault ZOE, Nissan LEAF, BMW i3, …).

 

Daimler et R. Bosch font un mauvais procès à Tesla Motors

Qui, de l’œuf ou de la poule, est arrivé en premier ? Ce paradoxe s’applique également à la filière du véhicule électrique, voire même à celle du véhicule à hydrogène. Pas de véhicules sans stations publiques déployées et réciproquement. Pour ne pas tomber dans cet écueil et devancer les exigences de ses clients, Tesla Motors a financé et développé sur fonds propres son propre réseau de recharge rapide, sans aides publiques et avec réactivité. Certes, ces stations ne sont compatibles – pour le moment du moins – qu’avec les modèles Tesla. Et alors ? Les constructeurs traditionnels se sont bien regroupés par affinités pour créer leurs propres standards :

  • CHAdeMO en 43 ou 53 kW courant continu DC pour les nippons (Nissan, Mitsubishi, …)
  • 43 kW en courant alternatif AC pour les français (Renault, Schneider)
  • Combo 2 en 40 ou 50 KW courant continu DC pour les allemands (Daimler, BMW, VW, Audi, …)
  • Combo 1 en 40 ou 50 kW courant continu DC pour les américains (General Motors, Ford, …)

Les deux industriels font donc un mauvais procès à Tesla au sujet des stations de charge rapide. Serait-ce de la jalousie ?

Fabrice SPATH

Cofondateur du site, Fabrice roule en électrique la semaine et en hybride rechargeable le week-end. Après être passé par la case ingénierie chez des constructeurs et équipementiers outre-Rhin, il collabore régulièrement avec la rédaction et travaille au développement de la place de marché.



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