Allemagne : l’influent lobbying contre la voiture électrique

Publié le 08 septembre 2016 à 11h20 | Fabrice SPATH | 3 minutes

Avec 559 dossiers déposés, la citadine électrique BMW i3 est le second modèle « alternatif » le plus courtisé par le programme d’aide

Mis en œuvre au printemps, le dispositif d’aide à l’achat en faveur des véhicules électriques et hybrides rechargeables aurait dû être beaucoup plus ambitieux. Sous la pression de l’industrie et des syndicats, le gouvernement allemand a abandonné l’idée d’un bonus-malus à la française et d’une loi « zéro émission ».

 

Jusqu’à 400 000 nouveaux véhicules électriques

Sous l'influence des normes antipollution et de la demande croissante du marché, l’électrification grandissante des gammes touche l’ensemble des constructeurs outre-Rhin. Entre la firme aux anneaux entrelacés qui a confirmé le lancement de 3 véhicules électriques d’ici la fin de la décennie – dont l’Audi Q6 e-tron Quattro courant 2018 –, l’industriel à l’étoile qui devrait lancer au moins un modèle électrique par an sur la période 2018-2014 – le premier SUV Mercedes sera présenté en octobre au Mondial de Paris – et la marque à l’hélice qui implante la technologie hybride rechargeable sur une grande partie de sa gamme – dont le monospace BMW 225xe –, le marché des véhicules à batteries rechargeables fait l’objet de nombreuses attentions.

2016 : le TOP 5 des voitures électriques en France

Chez Volkswagen, la firme de Wolfsburg s’est engagée sur le lancement d’au moins 30 nouveaux modèles électriques d’ici à 2025. Pour accompagner ce marché encore embryonnaire mais indispensable au respect des engagements pris lors de la COP21, le gouvernement fédéral a mis en place une aide à l’achat. Entré en vigueur le 18 mai dernier, le dispositif prévoit une prime de 3 000 euros pour l’achat d’une voiture hybride rechargeable et de 4 000 euros pour l’achat d’une voiture 100 % électrique. Doté d’une enveloppe de 1,2 milliard d’euro, le plan devra profiter à 300 000 ou 400 000 véhicules à faibles émissions d’ici à 2019. Des chiffres ambitieux mais qui restent en-deçà du million de véhicules électriques en circulation voulu par la chancelière Angela Merkel à l’horizon 2020.

 

Bonus-malus et quotas abandonnés sous la menace

Dès septembre 2015, les ministères fédéraux de l’Economie et de l’Environnement avaient trouvé un accord sur le programme d’aide en faveur de la mobilité électrique. Celui-ci prévoyait notamment une subvention d’un montant de 5 000 euros pour les modèles électriques, une aide financée intégralement par un système de bonus-malus inspiré du modèle français établi en 2008. En fonction de leurs émissions polluantes, les véhicules thermiques auraient été taxés (de 10 à 1 000 euros) pour alimenter une enveloppe destinée à l’achat de véhicules plus vertueux. D’autre part, les deux ministères s’étaient entendus pour présenter et faire voter une loi « zéro émission » au Parlement, un texte imposant des quotas aux constructeurs.

Voiture électrique : le point sur les immatriculations en Allemagne

C’était toutefois sans compter sur l’intense lobbying mené par l’influente association de l’industrie automobile allemande (VDA) et par le puissant syndicat ouvrier IG Metall. Selon l’hebdomadaire allemand Stern, les deux acteurs ont réussi à faire plier le gouvernement en quelques mois, pointant les risques pour l’emploi et la solidité financière des industriels. Des arguments qui ont eu raison de l’ambition et de la portée initiales du programme. Bilan : sur les 4 derniers mois, seuls 3 027 dossiers d’aide ont été déposés et validés. En contrepartie, les ministères ont obtenu des constructeurs qu’ils financent la moitié des subventions. Une bien maigre consolation face aux enjeux de santé publique que représentent les émissions automobiles. 

Fabrice SPATH

Cofondateur du site, Fabrice roule en électrique la semaine et en hybride rechargeable le week-end. Après être passé par la case ingénierie chez des constructeurs et équipementiers outre-Rhin, il collabore régulièrement avec la rédaction et travaille au développement de la place de marché.



Laisser un commentaire