Voiture à hydrogène : un projet de 100 stations en France d’ici 2018

Publié le 10 septembre 2015 à 06h49 | Fabrice SPATH | 4 minutes

L’une des cinq premières Renault Kangoo Z.E. équipées d’une pile à combustible Symbio FCell intégrées à la flotte du Conseil départemental de la Manche

L’une des cinq premières Renault Kangoo Z.E. équipées d’une pile à combustible Symbio FCell intégrées à la flotte du Conseil départemental de la Manche

A l’horizon 2018, la France devrait compter pas moins de 100 stations publiques de distribution d’hydrogène. Pour la filière, il s’agit d’une condition sine qua non au développement du marché de la voiture électrique équipée d’une pile à combustible.

 

Une autonomie de 500 km et un plein en 3 minutes

Une autonomie moyenne de 500 km sur une seule charge et un plein réalisé en 3 minutes seulement : sous cet angle, la voiture à hydrogène est particulièrement séduisante. Si la France compte parmi les meilleurs écosystèmes hydrogène-mobilité au monde – start-up, PME, grands groupes et laboratoires de recherche –, elle a pourtant pris du retard sur ses voisins européens tandis que les Etats-Unis, le Japon et la Corée du Sud font la course en tête dans ce domaine. Cet état de fait pourrait bientôt changer grâce à une étude sur le sujet rédigée par le Conseil général de l’économie (CGE) et le Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD), deux structures intégrées à Bercy.

 

Un rapport de Bercy pour doper la filière hydrogène-mobilité

Selon le site Les Echos, ce rapport en cours de finalisation devrait être remis d’ici la fin septembre au ministre de l’Economie Emmanuel Macron et à la ministre de l’Ecologie et de l’Energie Ségolène Royal. Selon cette même source, l’étude porte sur la technologie et ses différentes applications, qu’il s’agisse d’hydrogène-énergie – permettant notamment le stockage des énergies renouvelables intermittentes – ou d’hydrogène-mobilité dont les véhicules électriques équipés d’une pile à combustible sont la pierre angulaire. A l’heure où le Conseil Départemental de la Manche (50) a déployé sa première station de distribution d’hydrogène et fait l’acquisition d’une flotte de 10 premiers véhicules, ce rapport arrive à point nommé.

 

2015 : seulement 5 stations de distribution en France

Dans l’Hexagone, les stations d’hydrogène sont rares. Seules les villes d’Albi, de Saint-Lô, de Grenoble et de Lyon en disposent actuellement. Et encore, il ne s’agit pas de stations publiques délivrant du dihydrogène à 700 bars mais des stations privatives à 300 bars pour des flottes dont le temps de chargement est plus long. Si le département de la Manche, la région Basse-Normandie ainsi que la région Rhône-Alpes sont des territoires précurseurs, les collectivités françaises sont dans leur ensemble plutôt engagées dans la mobilité électrique via le déploiement de bornes de recharge publiques réservées aux véhicules électriques et hybrides rechargeables.

 

Des constructeurs automobiles nationaux absents

Pour tenter de rattraper le retard pris par la France dans le domaine de l’hydrogène-mobilité, la filière ambitionne de déployer 100 stations d’ici 2018. D’un coût compris entre 1 million (300 bars) et 5 millions d’euros (700 bars), chaque station pourra remplir de dihydrogène les réservoirs d’un véhicule entre 3 et 10 minutes. Les propriétaires britanniques, danois et allemands de la Toyota Mirai – une berline à hydrogène commercialisée depuis quelques semaines sur ces seuls pays en Europe – pourront alors emprunter nos routes en sachant qu’ils pourront facilement se ravitailler. Si l’allié Nissan est activement engagé dans le développement de véhicules dotés de piles à combustible, Renault reste concentré sur le 100 % électrique.

 

QUELQUES CONTRADICTIONS : si la France est en retard sur ses principaux européens, elle ne reste toutefois pas en marge de la révolution hydrogène-mobilité. L’Etat verse ainsi un bonus « écologique » de 6 300 euros pour l’achat d’un véhicule à hydrogène – à l’instar d’un modèle 100 % électrique – et exonère son propriétaire de taxe sur les véhicules de société (TVS). Néanmoins, la législation considère une station de distribution de dihydrogène comme un site Seveso. Une classification qui n’est pas compatible avec son installation sur une station-service traditionnelle. En Allemagne, une station de ravitaillement de ce type a pourtant vu le jour sur la station-service Total située près de l’aéroport de Berlin.

Fabrice SPATH

Fabrice SPATH

Cofondateur du site, Fabrice roule en électrique la semaine et en hybride rechargeable le week-end. Après être passé par la case ingénierie chez des constructeurs et équipementiers outre-Rhin, il collabore régulièrement avec la rédaction et travaille au développement de la place de marché.

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