Diesel Renault : les clés pour comprendre l’enquête (+ vidéo)

Publié le 15 janvier 2016 à 09h01 | Fabrice SPATH | 3 minutes

Fin 2015, l’ONG allemande Deutsche Umwelhilfe avait affirmé que le Renault Espace diesel émet jusqu’à 25 fois plus d’oxydes d’azote (NOx) que la limite autorisée

Fin 2015, l’ONG allemande Deutsche Umwelhilfe avait affirmé que le Renault Espace diesel émet jusqu’à 25 fois plus d’oxydes d’azote (NOx) que la limite autorisée

Des perquisitions menées la semaine dernière par la DGCCRRF sur plusieurs sites de Renault ont fait renaître la crainte d’une nouvelle affaire liée aux émissions polluantes des véhicules diesel. Entre amalgames avec le scandale Volkswagen et erreurs de sur-optimisation des tests d’homologation, le point sur la journée noire de Renault dont le titre a été fortement chahuté au CAC 40.

 

L’absence de logiciel fraudeur confirmée par le Ministère

Quatre mois après les révélations portant sur les manipulations des tests d’homologation menées par Volkswagen sur 11 millions de ses véhicules diesel, deux sujets sont à nouveau sous le feu des projecteurs : la dépollution des moteurs diesel et le respect de la norme d’homologation. Après le groupe allemand, le constructeur français aurait-il triché pour réduire les émissions de certains de ses modèles ? Invité de la « Newsroom » sur la chaîne LCI, notre journaliste collaborateur Jean-Christophe Lefèvre a évacué ces soupçons de fraude en insistant sur un « problème de respect de certains protocoles ». Renault ainsi que la ministre de l’écologie Ségolène Royal ont également insisté sur l’absence de logiciel fraudeur similaire à celui installé par Volkswagen sur plus de 600 000 modèles circulant en France.
 



Première piste : une erreur de sur-optimisation des tests

Les perquisitions qui ont eu lieu la semaine passée sur le site de Lardy (Essonne), au Technocentre de Guyancourt (Yvelines) et au siège de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) ont été réalisées par la DGCCRF chargée de la répression des fraudes. Révélées hier jeudi 14 janvier par un tract du syndicat CGT, ces perquisitions dans les services d’homologation des émissions des véhicules du constructeur ont été menées dans le cadre d’une enquête visant à trouver des explications quant aux différences constatées entre les chiffres d’homologation et ceux obtenus par une commission indépendante. Mise en place au lendemain des révélations du l’affaire Volkswagen, la commission technique est chargée de tester les valeurs d’homologation de CO2 et de polluants. L’enquête en cours devra donc déterminer si les ingénieurs Renault ont commis des erreurs de sur-optimisation lors des tests ou s’il s’agit d’autre chose.

 

Un possible rappel de modèles Renault déjà en circulation

Sur les 22 véhicules déjà testés par la commission technique, 4 modèles Renault dépassent les normes. Plusieurs modèles appartenant à deux constructeurs étrangers dont les noms n’ont pas été communiqués sont également concernés par ce dépassement. En revanche, le groupe PSA Peugeot Citroën a affirmé hier n’avoir pas fait l’objet de perquisitions. En décembre dernier, la firme au losange avait annoncé un investissement de 50 millions d’euros destiné à accélérer la dépollution de ses véhicules diesel. Sur le plateau de la chaîne LCI, Jean-Christophe Lefèvre a avancé que « Renault va devoir corriger un certain nombre de véhicules [visés par l’enquête], quitte à les rappeler » pour les mettre en conformité. Il rappelle par ailleurs que l’ensemble des constructeurs et leurs modèles n’ont pas été testé par la commission technique et que les résultats de cette étude n’ont pas encore été publiés.

 

Dévoilée hier jeudi 14 janvier, l’affaire Renault n’en est pas encore véritablement une. Si les amalgames avec le Dieselgate qui a récemment touché le groupe Volkswagen sont aisés, il n’est pas ici question d’un logiciel de triche visant sciemment à réduire les émissions polluantes lors des homologations de véhicules sur banc d’essai. L’enquête qui est actuellement menée par la DGCCRF vise à déterminer si le constructeur français a commis des erreurs de sur-optimisation des tests. Malgré ces premiers éléments, le cours du titre Renault au CAC 40 a plongé hier de plus de 22 % et a terminé en recul de 10,28 % à la clôture. 

Fabrice SPATH

Fabrice SPATH

Cofondateur du site, Fabrice roule en électrique la semaine et en hybride rechargeable le week-end. Après être passé par la case ingénierie chez des constructeurs et équipementiers outre-Rhin, il collabore régulièrement avec la rédaction et travaille au développement de la place de marché.

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