Toyota : la Californie n'achètera plus ses voitures hybrides

Publié le 20 novembre 2019 à 11h48 | Fabrice SPATH | 3 minutes

À compter du 1er janvier 2020, les agences californiennes ne pourront plus faire l’acquisition de véhicules hybrides de la marque Toyota

À compter du 1er janvier 2020, les agences californiennes ne pourront plus faire l’acquisition de véhicules hybrides de la marque Toyota

Soutenant ouvertement l’administration Trump dans son entreprise de gel des normes d’émissions de CO2, Toyota fait l’objet d’un appel au boycott dans l’État américain de Californie. En prime, la direction des services généraux de l’État vient d’interdire à ses agences de faire l’acquisition de modèles du constructeur, y compris ceux à motorisation hybride.

Aux États-Unis, rien ne va plus pour Toyota, le leader mondial de la voiture hybride qui a écoulé près de 14 millions de véhicules à double motorisation essence-électrique depuis 1997, date de la mise sur le marché de la première génération de Prius au Japon.
 

Soutien au gel des normes d’émissions

Après avoir constaté la défection d’une part de sa clientèle au profit de Tesla et sa familiale électrique Model 3, l’entreprise nippone fait désormais l’objet d’un appel au boycott en Californie, alors même qu’elle figurait dans les années 1990 en tête des plus fervents partisans de l’État lors de l’introduction de la loi « zéro émission » destinée à réduire les émissions de CO2.

Une situation que la firme de Nagoya a elle-même contribué à créer, en affichant ouvertement son soutien à l’administration Trump au sujet du gel des normes d’émissions des véhicules particuliers (VP) et utilitaires légers (VUL) d’ici 2026, contraignant la Californie à renoncer de fait à son droit à définir ses propres règles environnementales.

Un soutien renforcé par l’américain General Motors - alors même que son PDG appelait de ses vœux l’instauration de quotas en faveur des véhicules électriques -,par le groupe italo-américain Fiat Chrysler Automobiles (FCA), mais contrecarré par BMW, Ford, Honda et Volkswagen qui ont récemment signé un accord-cadre avec la California Air Ressources Board (CARB) - à l’origine des révélations sur le scandale du Dieselgate - afin de poursuivre les efforts en matière de réduction des émissions de CO2.

Pour Toyota, Volkswagen se trompe en misant tout sur la voiture électrique 

Appel au boycott de clients déçus par la marque

La surprenante position de Toyota, désormais engagé dans un ambitieux plan d’électrification, a d’abord été sanctionné par des clients déçus et des résidents californiens, ces derniers appelant à un boycott de la marque sur les réseaux sociaux.

Le 15 novembre, le département local des services généraux (DGS) a publié une note interdisant « aux agences de l’État d’acheter des berlines fonctionnant uniquement avec un moteur à combustion interne, avec dérogation pour certains véhicules de sécurité publique. Une deuxième politique, actuellement mise au point par le DGS, demandera aux agences de l’État, à compter du 1er janvier 2020, d’acheter des véhicules uniquement auprès de constructeurs reconnaissant le pouvoir du CARB de créer des normes de réduction des émissions de gaz à effet de serre, et qui se sont engagés à maintenir des objectifs de réduction des émissions rigoureux pour leurs flottes. »

En clair : seuls les modèles à motorisations alternatives issus d’un constructeur soutenant la politique de l’État pourront faire l’objet d’une acquisition par les services territoriaux. Excluant de fait les Chevrolet Bolt EV, Chrysler Pacifica PHEV et autres Toyota Prius.

Un coup dur pour la marque aux trois ellipses qui paie probablement ses investissements tardifs dans la mobilité électrique et la crainte de voir ses parts de marché reculer sous les effets des nouvelles normes. En Europe pourtant, Toyota qui a écoulé plus de 2 millions de véhicules hybrides, subventionne l’ONG Deutsche Umweltshilfe dont les avocats assignent les grandes villes allemandes en justice pour non-respect de la réglementation sur la qualité de l’air.

Fabrice SPATH

Fabrice SPATH

Cofondateur du site, Fabrice roule en électrique la semaine et en hybride rechargeable le week-end. Après être passé par la case ingénierie chez des constructeurs et équipementiers outre-Rhin, il collabore régulièrement avec la rédaction et travaille au développement de la place de marché.

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