Véhicule à hydrogène : les particuliers, ces oubliés du plan français
Publié le 01 juin 2018 à 07h00 | Fabrice SPATH | 3 minutes
Doté d’une enveloppe de 50 millions d’euros, le volet hydrogène mobilité du plan stratégique prévoit la mise en circulation de 5 000 utilitaires à pile à combustible
ANALYSE – Nicolas Hulot présentera ce vendredi 1er juin le « plan de déploiement de l’hydrogène pour la transition énergétique ». Une enveloppe de 100 millions sera allouée à cette seule énergie, dont la moitié pour la mobilité. A l’horizon 2023, le gouvernement table sur 5 200 véhicules lourds et utilitaires en circulation en France. Soit 120 fois moins que les modèles 100 % électriques à batteries.
A l’automne 2016, nous avions publié un sujet intitulé Voiture à hydrogène : une bataille mondiale perdue d’avance ? Analyse dans laquelle nous pointions les nombreux effets d’annonce et une pile à combustible cantonnée dans le domaine de la mobilité aux seules flottes des collectivités et des entreprises. Aujourd’hui, le ministre de la transition écologique présentera son plan stratégique sur ce précieux carburant, dont l’essentiel a été dévoilé mercredi à l’Assemblée nationale et qui, manifestement, ne laisse que peu de place au marché des véhicules particuliers.
Bus et utilitaires légers
Concocté par la Direction générale de l’Énergie et du Climat (DGEC) et le Commissariat à l’Énergie atomique (CEA), le plan veut faire de la France un leader mondial dans le domaine. Pour y parvenir, le gouvernement débloquera une enveloppe de 100 millions d’euros dont une moitié sera destinée à la mobilité hydrogène avec l’objectif de mettre en circulation d’ici 2023 quelque 5 000 utilitaires et 200 véhicules lourds équipés d’une pile à combustible. Essentiellement des Renault Kangoo Z.E. HY commercialisés par la PME isérois Symbio et des bus à hydrogène, un marché investit par le français Safra.
600 000 électriques à batteries
Une goutte d’eau dans le futur parc à très faibles émissions polluantes, le gouvernement tablant sur 600 000 véhicules électriques à batteries et 400 000 hybrides rechargeables en circulation à la même date. Et si ces derniers pourront compter sur 100 000 bornes de recharge installées dans le domaine public, les modèles alimentés au dihydrogène n’auront droit qu’à une centaine de stations dont on ignore si elles seront en grande partie captives ou déployées sur le domaine public. En 2028, le plan envisage un parc de 50 000 utilitaires et 800 à 2 000 véhicules lourds. Le tout alimenté par 400 à 1 000 stations de distribution.
Flotte de taxis à Paris
Si les constructeurs proposent depuis de nombreuses années des modèles pour les particuliers, à l’image des berlines Honda Clarity FCEV et Toyota Mirai, du crossover Hyundai Tucson FCEV remplacé cet été par le Nexo, les tarifs supérieurs à 55 000 euros et l’absence d’infrastructure de charge limitent leur seul achat par des flottes, et ce malgré la présence d’un bonus de 6 000 euros équivalent aux modèles électriques à batteries. Le plus bel exemple de cette intégration dans une flotte réside dans le service de taxis parisiens HYPE qui, d’ici la fin de la décennie, devrait compter quelque 600 véhicules à hydrogène qui pourront faire le plein en moins de 5 minutes sur une poignée de stations disséminées en région francilienne.
Un plan en demi-teinte
Quand au second volet destiné notamment à verdir l’hydrogène dont la production est réalisée à 95 % en France à partir d’hydrocarbures – un procédé émettant 13 kg de CO2 pour 1 kg de dihydrogène –, le gouvernement ambitionne d’investir dans des électrolyseurs d’une capacité totale de 250 MW qui produiront le carburant à partir d’eau et d’électricité, une électricité qui devra à terme provenir de sources renouvelables (éolien et solaire). Une ambition qui déçoit de nombreux acteurs du secteur qui souhaitaient voir l’hydrogène vert être produit au même prix que celui issu du vaporeformage.