Batteries : la pénurie de cobalt nuira-t-elle au véhicule électrique ?
Publié le 08 décembre 2018 à 19h00 | La rédaction | 3 minutes
Alors que la majorité des constructeurs automobiles sont à pied d’œuvre pour lancer leurs nouvelles offres électriques, un nouveau rapport de la Commission européenne tente de mesurer les impacts du développement de l’électromobilité sur les ressources mondiales de cobalt, matière première jusqu’ici indispensable pour la fabrication des accumulateurs.
Et selon les auteurs du rapport, les risques de pénurie pour ce minerai pourraient survenir dès la deuxième moitié de la prochaine décennie. À cet horizon, la consommation mondiale pourrait en effet atteindre 203 000 tonnes pour une production limitée à 196 000 tonnes.
Un déséquilibre qui laisse par ailleurs craindre une nouvelle flambée des cours, flambée qui pourrait alors se répercuter sur le prix des véhicules électriques, et donc, au final, sur les acheteurs intéressés par ce type de motorisation.
« Le prix du cobalt a déjà triplé entre 2016 et 2018 », rappelle le document de la Commission. Qui avertit : « Une nouvelle escalade pourrait avoir une incidence sur les prix des véhicules électriques ».
La courbe du cobalt n’a en effet cessé de grimper depuis 2017, année au cours de laquelle la matière première a vu son cours plus que doubler par rapport à 2016. Sur la période, elle se négociait autour des 61 200 dollars la tonne. Tendance qui s’est renforcée en début d’année, lui permettant alors d’atteindre un nouveau pic : au mois de mai, elle a vu sa tonne s’échanger près de 91 000 dollars, faisant ainsi la joie des compagnies minières.
Cobalt : Volkswagen en consommera jusqu’à 36 000 tonnes par an en 2025
5 millions de tonnes de réserve à l’échelle mondiale
Assurant aujourd’hui près de 65 % de la production et détenant 60-70 % des réserves mondiales, la République Démocratique du Congo (RDC) - pays africain faisant toujours l’objet de nombreuses critiques de la part des organismes internationaux de protection des droits de l’Homme en raison notamment du manque de transparence associé à la gestion de ses gisements - entend elle aussi toucher sa part du butin grâce à l’instauration d’un nouveau code minier qui lui permettra de taxer le cobalt à hauteur de 10 % contre moins de 2 % actuellement, taxation qui risque d’entretenir cette flambée des cours sur les marchés.
Ces difficultés pourraient-elles de ralentir la percée annoncée de la voiture électrique ? Assurément non, car les réserves de cobalt restent conséquentes, avec près de 5 millions de tonnes à l’échelle mondiale, ce qui devrait laisser encore une marge d’exploitation d’une vingtaine d’années, voire plus, aux entreprises minières. « Les projets d’exploration en cours ajouteront de nouveaux fournisseurs et permettront de diversifier le marché », estime par ailleurs le rapport européen.
Batteries : pourquoi Tesla veut y réduire la part du Cobalt ?
239 gisements identifiés sur le Vieux Continent
En Europe, 239 gisements contenant du cobalt ont été d’ores-et-déjà identifiés. Aujourd’hui, la production annuelle de cobalt au sein de l’Union européenne est d’environ 2 300 tonnes par an. Modeste.
Mais au même titre que certains moteurs électriques sont maintenant fabriqués sans terres rares - dont celui de la Renault ZOE -, les accumulateurs vont également devoir évoluer vers des technologies dépourvues de cobalt ou de lithium ou en limitant fortement leur usage. Dans cette optique, l’américain Tesla a annoncé plus tôt cette année vouloir réduire « à près de zéro » la part de cobalt de ses futures batteries.