Menacée, l’Allemagne va produire sur fonds publics ses batteries
Publié le 12 septembre 2018 à 13h00 | Mathieu PARAIN | 3 minutes
Le gouvernement allemand va investir 1 milliard d’euros dans la construction de deux usines destinées à produire des cellules pour batteries électriques
Outre-Rhin, le gouvernement annonce son intention d’investir dans les cellules de batteries pour véhicules électriques. Objectif : combler le dangereux vide laissé par le secteur privé, qui renâcle à consacrer plus de moyens envers un secteur jugé peu rentable et risqué.
Le ministre allemand de l'Économie, Peter Altmaier, vient d’annoncer la construction prochaine de deux grandes usines de cellules de batterie qui seront dotées chacune d'un financement public à hauteur d’un milliard d'euros. Fortement agacé par l’atermoiement de ses constructeurs et de ses équipementiers – notamment ceux de Continental et de R. Bosch et de Volkswagen –, le gouvernement de Mme Merkel a décidé de prendre en main l’avenir de ce secteur clé pour l’électromobilité. Outre ces mesures, 600 millions d'euros supplémentaires vont bientôt être affectés à la recherche et au développement (R&D) pour renforcer la position du pays en matière de conception et d’industrialisation des cellules du futur.
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L’annonce de M. Altmaier intervient suite au séjour qu’il a effectué il y a quelques jours en Pologne, séjour lors duquel le ministre allemand avait échangé « intensément » avec son homologue polonais, Jadwiga Emilewicz, notamment sur le sujet d’un potentiel partenariat industriel entre les deux pays dans le domaine des batteries pour voitures électriques, en particulier dans la fabrication des cellules, qui sont l’élément de base de celles-ci. Partenariat qui pourrait déboucher sur la création d’un important site à proximité des frontières germano-polonaises, et ce dès l’année prochaine.
Menaces internes et externes
L’agacement des pouvoirs publics allemands envers ses acteurs industriels s’explique surtout par la sourde inquiétude de tout un pays, dont le modèle économique, voire social, dépend en grande partie du succès de ses exportations, celles de la filière automobile en premier. Celle-ci représente 13 % du PIB outre-Rhin et près d’un cinquième des exportations. A elle seule, elle constitue quelque 20 % du total des revenus de l’industrie, selon les données fournies par l’agence fédérale de développement économique GTAI (Germany Trade & Invest).
Mais si le succès est jusqu’à présent préservé, les menaces futures n’en sont pas moins importantes, et nombreuses. Celles représentées par la concurrence venue des Etats-Unis et de Chine d’abord, avec des constructeurs à forte ambition tels que Tesla ou BYD.
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Mais aussi celles internes à l’Europe et à l’Allemagne, qui souhaitent que les constructeurs du Vieux Continent passent le plus rapidement le cap de l’électrification et adaptent ainsi outils de production, stratégies de marché, investissement et recherche technologique, tout cela en moins d’une décennie. Si la transformation est nécessaire, son rythme, en revanche, doit être « soutenable », ont répliqué les fabricants récemment.