Diesel : un scandale lié aux camions éclate en Allemagne

Publié le 19 janvier 2017 à 08h30 | Fabrice SPATH | 3 minutes

Pour faire des économies, des transporteurs d’Europe de l’Est peu scrupuleux bloquent le système antipollution de leurs poids-lourds

Pour faire des économies, des transporteurs d’Europe de l’Est peu scrupuleux bloquent le système antipollution de leurs poids-lourds

Sous la pression des coûts, des transporteurs de l’Europe centrale n’hésitent pas à bloquer le dispositif antipollution de leurs poids-lourds. Une fraude qui a pour corollaire de faire exploser les émissions polluantes à l’échappement et de dégrader la qualité de l’air lors de leur transit en Allemagne. Un nouveau scandale qui pourrait représenter le double de la pollution engendrée par Volkswagen et ses 11 millions de véhicules diesel truqués.

 

Blocage de l’injection d’AdBlue

Les révélations ont été diffusées mardi soir sur la ZDF, la seconde chaîne de télévision généraliste allemande. Intitulé Le mensonge des poids-lourds « propres », le reportage a mis en évidence un système de fraude généralisé portant sur le blocage du dispositif antipollution installé sur les camions commercialisés ces dix dernières années. Sous la pression des coûts, une part importante des transporteurs installés en Europe centrale n’hésitent pas à désactiver le système SCR (Selective Catalytic Reduction) destiné à réduire de façon drastique les dioxydes d’azote (NOx) à l’échappement. Une technologie qui repose sur l’injection d’AdBlue, un liquide composé à 32,5 % d’urée et à 67,5 % d’eau déminéralisée.

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14 000 tonnes de NOx supplémentaires

Une fraude qui, selon le reportage, toucherait 20 % des poids-lourds en transit chez nos voisins allemands et causerait l’émission 14 000 tonnes de NOx supplémentaires par an. Une pratique illégale mais jusqu’à présent rarement détectée par les forces de l’ordre et qui profite directement au portefeuille des fraudeurs. Outre les gains financiers liés à l’absence de consommation du précieux liquide AdBlue, les poids-lourds font l’objet d’un péage autoroutier automatisé (MAUT) à tarif réduit, ce dernier se basant sur les émissions homologuées par les constructeurs en présence d’un dispositif SCR en fonctionnement. Un double avantage qui ne fait pas les affaires de l’Etat allemand, le manque à gagner annuel s’élevant à quelque 110 millions d’euros.

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Le double des émissions du Dieselgate

Un nouveau scandale lié à la dépollution des moteurs diesel qui pourrait représenter le double des émissions polluantes liées à l’affaire Volkswagen dont 11 millions de véhicules TDI ont été ou seront contraints de passer en concessions pour neutraliser le dispositif de fraude. Un Dieselgate du poids-lourd qui met aussi du plomb dans l’aile des études soulignant les faibles émissions de ces derniers au regard de celles engendrées par les véhicules particuliers. En 2015, s’appuyant sur une étude de l’ONG Transport & Environment, le quotidien britannique The Guardian affirmait ainsi qu’une citadine diesel émet autant de NOx qu’un 40 tonnes. Une assertion qui, en Allemagne, n’est semble-t-il pas toujours vraie.

Fabrice SPATH

Fabrice SPATH

Cofondateur du site, Fabrice roule en électrique la semaine et en hybride rechargeable le week-end. Après être passé par la case ingénierie chez des constructeurs et équipementiers outre-Rhin, il collabore régulièrement avec la rédaction et travaille au développement de la place de marché.

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